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Les déterminants spatiaux des principes de justice, d’intérêt et de responsabilité : Pour une lecture critique

Résumé

Si le contrat social occupe une place centrale dans les débats contemporains en aménagement, la notion n’est jamais spatialisée, ni réellement ancrée dans une réflexion sur l’espace. Partant de ce constat dont il prend le contre-pied, l’article formule une double hypothèse. Tout d’abord, le contrat social serait une notion spatiale en soi, ce qui, par conséquence, feraient des notions s’y attachant des catégories elles aussi spatiales – comme la justice, l’intérêt (particulier ou général), ou encore le compromis social. D’autre part, les grandes ruptures des régimes d’actuation du contrat social pourraient s’expliquer par la rupture spatiale des dynamiques socio-économiques des sociétés et des territoires – ce que l’article propose d’observer et de discuter avec le passage des logiques fordistes aux logiques post-fordistes de l’aménagement.

Premières lignes

Les références au contrat social et à ses ruptures scandent la vie politique des démocraties occidentales tout au long des xxe et xxie siècles. Les travaux et les tribunes annonçant sa disparition ou appelant à sa refondation sont nombreux (Mongin 1992), en particulier au moment de crises socio-économiques, de revers électoraux majeurs subis par les forces progressistes ou de mouvements contestataires de grande ampleur. Au cours des dernières décennies, cette tendance à évoquer de façon générique une rupture du contrat social tend à prendre plusieurs formes – fin du vivre ensemble, discontinuité territoriale des politiques publiques, disparition de l’État-providence, repli identitaire… – dont l’observation se trouve cristallisée autour de moments récurrents d’intense expression de violence collective, comme ce fut le cas lors de la crise des gilets jaunes de 2018.

Dans les années récentes, il est toutefois paradoxal de noter que les analyses et les discours sur la crise du contrat social ne sont que très rarement ancrés dans l’espace ou connectées aux logiques d’aménagement des territoires, alors même que la spatialisation des accès de violence collective semble participer en soi du régime de contestation déployé par les populations qui disent se sentir en voie de marginalisation du contrat social. Que nous dit l’espace, son aménagement, son appropriation, son occupation (violente) ou au contraire son abandon, du contrat social et ses évolutions ? Dans le même ordre d’idée, si le contrat social occupe une place centrale dans les débats contemporains en aménagement via des notions connexes comme la justice spatiale, l’idée de contrat social n’est jamais spatialisée, ni réellement ancrée dans une réflexion sur l’espace, alor…

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