Résumé
Cet article envisage deux types de fondements possibles pour une « économie du bien-être néo-samuelsonnienne ». On défend l’idée que l’approche néo-samuelsonnienne en économie mène à un problème de réconciliation entre l’économie positive et l’économie normative, en raison du fait que l’agent économique n’est plus nécessairement l’unité normativement pertinente. Deux formes de réconciliation ayant des implications radicalement différentes pour le statut de l’économie normative sont envisagées. La première consiste à adopter une approche normative en termes de « welfarisme formel » prétendant à une complète neutralité quant à l’identité du sujet et l’unité de mesure de l’analyse normative. L’implication principale est de faire de l’économie du bien-être une branche de l’économie positive. Une seconde approche consiste à une donner une importance axiologique particulière aux personnes, non parce qu’elles sont des prototypes d’agents économiques, mais parce qu’elles sont dotées de la capacité de se représenter, auprès des autres et d’elles-mêmes, comme des entités raisonnables au travers de processus de construction narrative. Cette capacité donne une justification à la vision selon laquelle le bien-être est constituée des préférences d’une personne, dans le sens où ces préférences sont fondées sur des raisons et valeurs définissant l’identité personnelle.