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Le concept de « marchandise fictive », pierre angulaire de l’institutionnalisme de Karl Polanyi ?

Nicolas Postel et Richard Sobel

Résumé

La notion de « marchandise fictive » n’est pas simplement un slogan hétérodoxe commode pour critiquer l’incomplétude radicale de tout système marchand et par-là même les limites analytiques de la théorie dominante. C’est surtout la pierre angulaire de l’édifice institutionnaliste qui sous-tend l’ensemble des analyses socio-historiques de Karl Polanyi. Cet article explicite et articule les deux niveaux de cet édifice : un niveau théorique avec l’approche institutionnaliste de la marchandise et un niveau épistémologique avec la définition substantive de l’économie. Cet édifice comporte néanmoins une limite : la notion d’institution, qui est à la charnière des deux niveaux, n’est articulée à aucune réflexion pratique, de sorte que le potentiel révélateur et critique de cet édifice risque d’en être affaibli.

Article

Introduction : la « marchandise fictive » : concept ou slogan ?

1. L’œuvre d’histoire et d’anthropologie économique de Karl Polanyi constitue une ressource dans laquelle il est courant de venir puiser pour critiquer la théorie économique dominante, notamment son incapacité à inscrire son objet d’investigation – l’économie de marché – dans son environnement naturel, humain et sociétal[1]A l’intérieur du champ académique de l’économie institutionnaliste, cette perspective de critique interne a pu donner lieu, depuis une vingtaine d’années, à de multiples travaux ; citons … Lire la suite, c’est-à-dire son incapacité à en comprendre et la finitude et l’historicité essentielles. L’objet de cet article n’est pas de trancher la pertinence ou d’évaluer la portée d’une telle critique externe du paradigme standard. En se situant délibérément dans le champ des préoccupations des économistes hétérodoxes qui se reconnaissent sous la bannière d’« institutionnalistes » (Lavoie 2005, Postel 2007, Chavance 2007), le propos de cet article est questionner la solidité conceptuelle de la référence à Karl Polanyi.

2. En effet, on peut se demander dans quelle mesure le recours aux catégories polanyiennes comme le marché autorégulateur, l’encastrement, les marchandises fictives – pour ne citer que les plus connues –, ne relève pas davantage de l’artifice que du travail théorique, c’est-à-dire dans quelle mesure il s’agit véritablement de concepts opératoires, dont l’articulation produit un effet de connaissance autonome et nouveau par rapport à l’objet qu’il investigue, et non pas simplement de slogans commodes, dont l’usage n’est qu’une rhétorique qui n’ajoute conceptuellement rien. En ce qui concerne précisément les « marchandises fictives »[2]Comme nous le rappellerons en section 1, Polanyi repère explicitement trois marchandises fictives (la terre, le travail et la monnaie). Certaines recherches contemporaines usent de ce qualificatif … Lire la suite  – auxquelles nous restreindrons cette étude –, on constate que le terme est convoqué sans grand développement théorique, simplement pour signaler que tel objet, état ou situation ne peut être, à proprement parler, caractérisé de marchandise. L’argumentation est quasiment intuitive, faisant presque appel au bon sens, le caractère fictif ne faisant jamais l’objet d’une théorisation spécifique. A la décharge de ces utilisateurs, on peut rappeler cette théorisation explicite est absente de l’œuvre même de Polanyi, laquelle ne mobilise au mieux que quelques remarques générales au terme d’analyses pour l’essentiel historiques sur l’inscription socio-naturelle du capitalisme.

3. Ce n’est cependant pas parce qu’une notion apparemment générale ne fait pas l’objet d’une explicitation théorique qu’elle n’est pas un concept à part entière et fonctionne ainsi dans l’œuvre d’un auteur (Vincent 1993). Nous défendons ainsi la thèse suivante : que la notion de marchandise fictive soit bel et bien un concept et qu’elle soit un concept central, cela ne peut s’apercevoir qu’en réinscrivant ce concept dans un ensemble théorique plus large, à trois niveaux, qui sous-tend les analyses socio-économiques et historiques de Karl Polanyi et qui en fait toute la spécificité, mais qui, précisément, doit être explicité. Le premier niveau est à proprement parler « théorique » et mobilise une approche structurale : il s’agit d’une théorie institutionnaliste de l’économie qui, selon nous, est à l’œuvre chez Polanyi, théorie dont la notion de marchandises fictive est la pierre angulaire, mais qui ne fait jamais vraiment l’objet d’une présentation systématique par l’auteur, pas plus que par ses commentateurs (sous une perspective d’histoire économique ou d’histoires des idées) ou que par ses utilisateurs (sous une perspective d’économie hétérodoxe ou de sociologie économique). Le second niveau est anthropologique et mobilise une approche actionnaliste : derrière la réflexion de Polanyi sur le caractère fictif de certaines marchandises se cache la conviction, dans la tradition de la philosophie pratique aristotélicienne, selon laquelle l’homme est d’abord un animal politique, ou plus précisément socio-politique (section 2). Le troisième niveau, dont l’explicitation permet de comprendre l’articulation des deux premiers, est d’ordre épistémologique : il s’agit d’une définition très précise de l’économie, la définition substantive, qui, pour Polanyi, délimite l’objet de recherche des économistes et la manière de l’investiguer. Non seulement, elle réinscrit la place de « l’économie politique » à l’intérieur de sciences sociales ; mais elle le fait selon nous d’une manière spécifique : pour être pleinement antinaturalistes [3]Par naturalisme, nous entendons l’opération idéologique qui consiste à faire passer un phénomène social-historique pour un phénomène naturel, c’est-à-dire l’opération qui consiste à … Lire la suite – et donc critiques –, et ne pas simplement être réduites à leur nécessaire moment d’analyse institutionnelle, celles-ci doivent toujours se déployer sous l’égide d’une philosophie pratique (section 3).

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1 -L’irréductible encastrement socio-naturel du capitalisme

1.1 -La nouveauté du marché autorégulateur et la marchandisation nécessaire de la terre, du travail et de la monnaie

1.2 -La « marchandise » comme rapport social historiquement déterminé

2 -Marchandises fictives et disparition de la raison pratique

2.1 -Pourquoi les facteurs de production (terre, travail, capital) ne sont pas des marchandises

2.2 -Fiction marchande et désencastrement de l’économique

2.3 -Disparition de l’altérité et dégénérescence fasciste

3 -Vers une conception institutionnaliste complète de l’économie

3.1 -Un bref rappel : les deux définitions de l’économie pour Polanyi

3.2 -Le sous-bassement naturel de toute économie : le triptyque « besoin-nature-institution »

3.3 -Être plus polanyien que Polanyi : retrouver l’ancrage de l’économie substantive dans la raison pratique

Conclusion

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Mots-clés

Marchandises fictives, Capitalisme, Institution, Economie substantive, Raison pratique

Notes

Notes
1 A l’intérieur du champ académique de l’économie institutionnaliste, cette perspective de critique interne a pu donner lieu, depuis une vingtaine d’années, à de multiples travaux ; citons par exemple, en langue française : Maucourant, Servet, Tiran 1998, Caillé 2007 ou Sobel 2007. La sociologie économique n’est pas en reste, puisque Polanyi demeure l’une des références théoriques du courant de l’économie sociale et solidaire (Laville 1994, Caillé 2005). Curieusement, c’est en anthropologie et en histoire qu’il semble moins discuté aujourd’hui.
2 Comme nous le rappellerons en section 1, Polanyi repère explicitement trois marchandises fictives (la terre, le travail et la monnaie). Certaines recherches contemporaines usent de ce qualificatif de « fictif » pour la « connaissance » (par exemple : Azam 2007).
3 Par naturalisme, nous entendons l’opération idéologique qui consiste à faire passer un phénomène social-historique pour un phénomène naturel, c’est-à-dire l’opération qui consiste à en faire disparaître le caractère de construction contingente à une société et à une histoire (Rosset 1974). L’économisme est une forme de naturalisme qui concerne cette catégorie de faits socio-historiques que sont les faits économiques En tant que posture critique du naturalisme, l’antinaturalisme n’est pas, comme une certaine dérive postmoderne peut parfois le laisser croire (voir l’analyse de Stéphane Haber 2006), une réduction à rien du réel, au sens où sa consistance propre ne serait qu’une apparence et pourrait toujours se réduire une indéfinie sédimentation de construction sociales. Au contraire, l’antinaturalisme défend une thèse ontologique fort différente : le réel est fondamentalement hétérogène (« Chaos », « Sans fonds », « Abîme », pour reprendre les termes de Cornélius Castoriadis 1975) et cette hétérogénéité, même lorsque provisoirement elle peut se présenter sous une forme stabilisée, reste toujours irréductible à l’homogénéité d’une nature, c’est-à?dire d’un ordre stable, rassurant et qui se tient derrière les choses. L’antinaturalisme est ainsi pour nous l’exigence épistémologique sous laquelle doit se placer la recherche en sciences sociales, et a fortiori en économie.