Résumé La figure de l’entrepreneur est aujourd’hui utilisée dans une grande variété de discours publics. Ce travail cherche à remonter à l’une des sources théoriques de la constitution de cette figure : la théorie de l’entrepreneur de Schumpeter (1911a et 1911b). Ce retour montre que Schumpeter, dans son contexte intellectuel et théorique, est amené à importer … Continuer la lecture de Aux origines nietzschéennes des ambiguïtés du concept d’entrepreneur : Schumpeter lecteur de Nietzsche
Étiquette : Néolibéralisme
Le capitalisme est-il un système intrinsèquement violent ? Une lecture benjaminienne du concept d’accumulation primitive chez Karl Marx, Rosa Luxemburg et David Harvey
Résumé La théorie économique marxiste rend compte des rapports entre capitalisme et violence à l’aide notamment du concept d’accumulation primitive. Cet article se propose de montrer comment ce concept s’est construit et étoffé en analysant trois étapes : d’abord son élaboration initiale par Karl Marx (l’accumulation primitive comme préhistoire du capital), ensuite une première extension par … Continuer la lecture de Le capitalisme est-il un système intrinsèquement violent ? Une lecture benjaminienne du concept d’accumulation primitive chez Karl Marx, Rosa Luxemburg et David Harvey
Hayek au Japon : la réception d’une pensée néolibérale
La réception de la pensée de Friedrich Hayek au Japon dépend naturellement de caractéristiques propres à l’histoire de la modernisation dans ce pays, à partir de la seconde moitié du xixe siècle. Le contexte géographique et culturel est-asiatique, les clichés attachés au Japon peuvent conduire à s’étonner du succès de la pensée de l’auteur représentant d’une forme de « néolibéralisme ». Mais des traits épistémologiques et philosophiques, dont la démonstration est proposée ici, rendent compte de ce fait frappant. Au pays de la vie organisée en groupes à tous niveaux, l’impact fut considérable des idées du théoricien de l’individualisme méthodologique, militant du libre-échange et héritier sans doute le plus fameux de l’école économique autrichienne. L’écho de la pensée du fondateur de l’école, Carl Menger (1840-1921) dont les archives sont en partie conservées au Japon s’y fait également entendre. Un pan de théorie économique du libéralisme au xxe siècle a ainsi rencontré, loin de sa base d’origine, une réception attentive au pays du Soleil levant.
Le problème plus que la solution : la démocratie dans la vision du monde néolibérale
Loin de se limiter à l’économie, le néolibéralisme est une pensée globale, une vision du monde, une idéologie qui élabore des perspectives sur les dimensions les plus diverses de la vie sociale et, last but not least, sur la politique. La réflexion de nombreux néolibéraux, certains de premier plan, souligne la permanence, des années 1930 au début du xxie siècle, d’une interrogation critique sur la démocratie, accusée d’entraver la liberté et de conduire au socialisme. Le regard soupçonneux jeté sur la démocratie se double parfois d’une réflexion sur les alternatives envisageables et explique l’intérêt manifesté pour certains régimes autoritaires de droite, notamment la dictature du général Pinochet au Chili. La réflexion néolibérale sur la démocratie révèle une réticence profonde face aux systèmes représentatifs modernes et la quête d’une forme de légitimité fondée non sur le gouvernement de la majorité, mais sur celui d’une élite triée sur le volet.
Libéralisme ou démocratie ? Raymond Aron lecteur de Friedrich Hayek
Cet article revient en détail sur la critique du libéralisme de Friedrich Hayek délivrée par Raymond Aron, sur une période qui court des années 1940 au début des années 1980. A partir d’une relecture croisée des principaux textes de ces deux philosophes du second xxe siècle, il cherche à montrer que leurs oppositions – sur la place laissée aux libertés économiques, sur la définition même du concept de liberté et sur la manière d’envisager la démocratie – révèlent l’existence de deux voies profondément divergentes au sein du néolibéralisme contemporain : l’une qui se fonde sur un attachement primordial au marché et qui s’accompagne d’une méfiance prononcée à l’égard du régime démocratique ; l’autre qui se construit à l’inverse sur la base d’une confiance en la démocratie, conçue comme point d’aboutissement du libéralisme, et qui conduit à ne pas absolutiser le marché. Un réexamen de cette opposition peut ainsi permettre de sortir d’une vision étriquée et caricaturale du néolibéralisme, qui le réduit abusivement à une fermeture de l’espace des possibles politiques.