Kolm et le démembrement de la propriété de soi. Une justification “libérale” de la redistribution des revenus

Le concept de propriété de soi occupe une place tout à fait centrale dans les débats sur les fondements philosophiques des théories libérales de la justice sociale. Le but de cet article est de mettre en évidence l’intérêt, l’originalité et la portée de la position qu’adopte Serge-Christophe Kolm (2005) vis-à-vis de ce concept. Le démembrement de la propriété de soi est, en effet, l’une de ses propositions majeures, tant par elle-même, que par les conséquences qu’elle a en termes de redistribution des revenus et d’égalisation des libertés individuelles de choix.

Individu et société selon Walras

Les analyses modernes présentent l’équilibre général comme un archétype de l’individualisme méthodologique, permettant la conciliation des intérêts individuels grâce au marché. Cet article vise à montrer l’originalité et la spécificité du traitement de cette question par Walras. On montre d’abord que Walras considère que l’individu (soi-même) et la société (les autres) sont des données naturelles, qui coexistent nécessairement, récusant ainsi une ontologie individualiste. Mais Walras récuse aussi le holisme et il développe une analyse qui fait de l’individu et de l’État deux entités complémentaires et inséparables. Il en découle une vision du rôle économique de l’État très éloignée du libéralisme fondé sur l’individualisme. L’État doit intervenir pour rendre possible la libre entreprise en organisant les marchés et en maintenant la concurrence. Et, pour ce faire, l’État doit disposer de ressources propres, obtenues non pas grâce à l’impôt, mais par l’étatisation du sol.

Fondements libéraux du revenu de base. Une argumentation combinant philosophie et économie

Les débats entre libéraux sur la justice sociale ont beaucoup alimenté la réflexion contemporaine sur le revenu de base (ou allocation universelle). Cette notion est présentée ici comme relevant de « l’économie de l’égalitarisme libéral », dont le point d’ancrage se situe dans l’œuvre philosophique de Rawls. Celui-ci n’est certes pas partisan de l’allocation universelle, mais sa pensée offre néanmoins un cadre général adéquat pour l’étudier, en particulier par la hiérarchie des principes de justice qu’il défend (1). Au troisième niveau de cette hiérarchie, l’interprétation à donner au « principe de différence » a suscité la controverse des « surfeurs de Malibu », par laquelle Van Parijs a pu défendre le caractère inconditionnel de l’allocation universelle (2). Reste alors à passer de la philosophie à l’économie du revenu de base, en montrant comment ce dernier peut être considéré comme une variante précise d’impôt négatif sur le revenu. A ce stade, une relecture de l’intuition de Friedman sur la question aboutit à considérer l’allocation universelle comme un « crédit d’impôt universel » (3). En conclusion, pour les démocraties libérales et dans le cas de la France, sont esquissées quelques observations prospectives sur une éventuelle application d’une telle conception du revenu de base (4).

A Theory of Real Freedom: Toward a Growth-Oriented Liberalism

Quelle est la nature de la liberté réelle (réelle) dans notre société ? Je présenterai ici une nouvelle théorie du libéralisme que j’appelle « libéralisme orienté vers la croissance ». D’abord, j’examine le concept de liberté positive et négative d’Isaiah Berlin et je pose la question fondamentale en matière de liberté, à savoir que la liberté est un idéal paradoxal. J’identifierai deux paradoxes : l’un porte sur la liberté ordinaire et les valeurs sophistiquées, l’autre sur la question de la libération et de l’apathie des individus ou des populations. Comment pouvons-nous surmonter ces paradoxes ? Pour répondre à cette question, j’examinerai l’argument de Charles Taylor sur la liberté positive (liberté) et en élargirai les implications. Le paradoxe est d’autant plus lorsqu’il s’agit de communautés, comme la société japonaise. Au-delà du mode de pensée communautaire de Taylor, par exemple, je construis une nouvelle théorie de la liberté en proposant de suivre trois principes : le principe de la vertu (estime de soi), le principe du changement générateur et le principe de la différenciation. Je soutiens que la pierre de touche d’une société libre dépend de la façon dont nous concevons notre gouvernance sociale sur la base de ces principes.

Prolegomenon to the social philosophy of John Dewey

John Dewey a depuis longtemps été reconnu comme un des plus grand philosophes américains. Pourtant, sa philosophie social a été mal jugée, particulièrement dans son influence sur une grande partie de la pensée communautarienne. L’objectif de cet article est de proposer une nouvelle lecture du libéralisme suppose de Dewey, en insistant sur la question de la nature humaine, des norms sociales, de la moralité, des droits, du contrôle social, du rôle des institutions et de la place de l’Etat. On voit alors que Dewey a fait évoluer sa perception de l’homme comme fondamentalement être collectif (appartenant à une communauté) et, ce faisant, a introduit une place pour le role de l’Etat dans sa capacité à orienter les comportements vers des fins sociales, apparemment sans se soucier du fait que cela conduirait, au final, à la perte de cette individualité qu’il cherchait à protéger.