Cheap Preferences and Intergenerational Justice

L’objet de cet article est un défi auquel font face les théories welfaristes de la justice intergénérationnelle. Les conceptions subjectives du welfarisme permettent et même exigent qu’une génération, G1, inculque des préférences chiches à la génération suivante, G2. Cela autoriserait G1 à consommer les ressources disponibles jusqu’à épuisement, au lieu de les épargner, ce qui semble contredire l’idéal de durabilité. L’objectif de cet article est de montrer que, même si en effet le welfarisme exige de cultiver des préférences chiches chez les générations futures, il peut néanmoins répondre à deux objections majeures à une éducation visant à former de telles préférences, l’Objection de l’Autonomie et l’Objection de l’Equité. Cet article défend les thèses suivantes. Un enseignement voué à développer les capacités liées à l’autonomie est compatible avec la formation de préférences chiches pour autant que l’autonomie est comprise comme un état final et non comme une précondition. Plus encore, le développement de l’autonomie pourrait même être requis afin d’améliorer les opportunités de bien-être de G2. Cependant, puisqu’être autonome rend G2 capable de réviser ses préférences chiches de départ, G1 devrait également épargner assez de ressources pour donner à G2 la possibilité de le faire. Par conséquent, cultiver des préférences chiches chez G2 ne permet pas à G1 d’épuiser les ressources disponibles.

Préférer le présent pour mieux concilier justice sociale au sein et entre les générations

Nous défendons l’application d’une préférence pure pour le présent positive au niveau social spécifique, consistant à accorder une priorité relative à la réalisation de la justice sociale au sein des générations. Cela permet selon nous de mieux concilier des exigences de justice sociale entre les générations et au sein de celles-ci. Une telle priorité est possible et souhaitable pour les vivants comme pour les individus futurs dès lors qu’elle est appliquée au sein d’un système de coopération intergénérationelle dont nous précisons les modalités.

Les béances d’une philosophie du raisonnable

On examine de façon critique l’extension de la Théorie de la justice de John Rawls à deux types de populations pour qui cette extension est problématique : les autres nations et les générations futures. On souligne les apories, les paradoxes; les contradictions auxquels cette extension donne lieu et on les rapporte à une source commune : Il est impossible, pour traiter ces questions, de se passe d’une philosophie morale « exhaustive ».