Individu et société selon Walras

Les analyses modernes présentent l’équilibre général comme un archétype de l’individualisme méthodologique, permettant la conciliation des intérêts individuels grâce au marché. Cet article vise à montrer l’originalité et la spécificité du traitement de cette question par Walras. On montre d’abord que Walras considère que l’individu (soi-même) et la société (les autres) sont des données naturelles, qui coexistent nécessairement, récusant ainsi une ontologie individualiste. Mais Walras récuse aussi le holisme et il développe une analyse qui fait de l’individu et de l’État deux entités complémentaires et inséparables. Il en découle une vision du rôle économique de l’État très éloignée du libéralisme fondé sur l’individualisme. L’État doit intervenir pour rendre possible la libre entreprise en organisant les marchés et en maintenant la concurrence. Et, pour ce faire, l’État doit disposer de ressources propres, obtenues non pas grâce à l’impôt, mais par l’étatisation du sol.

Friedrich Hayek vs. Karl Popper : éléments pour un débat sur la connaissance économique

A première vue, la chronologie des œuvres de Hayek et Popper, leurs biographies, leurs thèses méthodologiques en faveur de l’individualisme, leurs ennemis communs (historicisme, holisme et planisme) et leurs références croisées peuvent laisser envisager l’existence d’un véritable débat intellectuel entre les deux hommes, sinon d’une convergence sur le fond. La similitude de leurs thèses et leur  » amitié  » ne reposent que sur la conclusion commune que l’histoire ne permet pas d’énoncer des assertions nomologiques. Cette trouble coïncidence renvoie, en réalité, à des conceptions très éloignées de la connaissance scientifique en économie. A travers leurs analyses de l’historicisme et de la méthode expérimentale, nous démontrons que la divergence entre eux est patente sur le plan de l’épistémologie des sciences sociales.