Concealed Ideologies: A PAE View of Ideology in Economics

Un système conceptuel définit, en excluant d’autres, un point de vue sur les objets qu’il étudie. Le système conceptuel des sciences humaines se rapporte à ses objets d’étude de deux manières qui les conduit à jouer un rôle idéologique et épistémologique. Premièrement, un système conceptuel en sciences sociales peut modifier ses objets d’étude en devenant une partie du système de concepts et croyances à travers lesquels les êtres humains se définissent eux-mêmes, perçoivent les autres et font des choix, changeant ainsi les formes du monde dans lequel ils évoluent. Deuxièmement, à la différence des sciences naturelles, les sciences humaines sont un moyen de préserver ou reconstruire les réalités de base qu’elles étudient. Différentes systèmes conceptuels présentent différents ensemble de choix, réels ou imaginaires, que les populations humaines choisissent et dans lesquels elles vivent. Il n’est pas possible que chacun de ces ensembles de choix traitent également les différents groupes qui composent la société. Cela veut dire que, indépendamment de jugements de valeur, toute théorie sociale, l’économie ne faisant pas exception à la règle, favorise nécessairement un groupe par rapport à d’autres, de sorte que toute tentative pour bloquer les recherches et analyses depuis des perspectives théoriques différentes, c’est-à-dire l’anti-pluralisme, est un comportement idéologique.

Ideology and Economic Analysis: Lessons from the History of Modern Economic Thought

Les critiques de biais idéologiques sont fréquentes en économie, qu’il s’agisse de la théorie, de la politique, de l’histoire ou de l’histoire des idées. La plupart d’entre nous sommes maintenant suffisamment post-modernes pour savoir que nous ne pouvons échapper à l’influence de l’idéologie sur nos processus de pensée. Pourtant, il est rare que le rôle de l’idéologie dans l’économie soit reconnu. Lorsque c’est le cas, c’est toujours en référence au travail de ceux dont les méthodes et résultats sont opposés aux nôtres. Le rôle de l’idéologie va bien au-delà du choix d’outils théoriques ou empiriques, de l’évaluation des résultats des analyses empiriques, et de leur application aux politiques économiques. Il influence aussi notre interprétation, compréhension, réception, et transmission des idées. Dans cet article, nous étudions deux cas montrant comment l’idéologie a affecté la transmission de théories économiques. Le premier concerne deux constructions d’économie positive qui ont été interprétés et utilisés comme support d’une idéologie libérale ou favorable au marché : le théorème de Coase et la règle d’unanimité en économie politique constitutionnelle. Le second cas est celui du soit disant contenu idéologique des analyses de politiques pragmatiques, mené au travers de l’étude des travaux de W.S. Jevons, J.M. Clark, A.C. Pigou, et Ronald Coase.

Peut-on séparer science et idéologie en économique ?

La dimension idéologique des travaux des économistes a fait l’objet d’études qui ont le plus souvent cherché à y isoler les contributions proprement scientifiques des considérations relevant de l’idéologie, laquelle a généralement été associée à la présence de jugements de valeur. Or non seulement l’idéologie ne devrait pas être identifiée à ce dernier état de choses, mais il ne saurait être question de séparer la science de l’idéologie puisque c’est dans la mesure même où une science des phénomènes sociaux est bien établie, et qu’elle est de ce fait hautement crédible, qu’elle est le plus susceptible de donner lieu à un fonctionnement idéologique. Ce phénomène est illustré ici à partir de quelques contributions parmi les plus marquantes auxquelles l’analyse économique a donné lieu.

Economists, Values and Ideology : A neglected Agenda

Cet article analyse les débats qui ont lieu à propos du rôle des jugements de valeur en économie, affirmant que l’analyse des différents types de jugement de valeur permet de comprendre l’influence de l’idéologie sur la théorie économique. Cette littérature s’est concentrée sur le fait de savoir si, dans le cadre de l’économie positive, les conclusions des économistes peuvent être affectées par leurs jugements de valeur politiques. Ce papier s’intéresse plutôt aux jugements de valeur intellectuels, dont l’influence est moins apparente. Des économistes heterodoxes, en particulier des féministes, se sont intéressés à la question mais de manière limitée. Cet article explore les relations entre cette littérature et les transformations de la philosophie des sciences qui ont suivi la publication de la Structure des Révolutions Scientifiques de Kuhn. La conclusion est que la relation entre les jugements de valeur intellectuels des économistes et l’idéologie est une question qui a été trop peu étudiée.

Economics as an Ideologically Challenged Science

Les économistes hétérodoxes, ainsi que de nombreux non-économistes, ont souvent accusé l’économie et les économistes standard d’exprimer des théories idéologiquement biaisées. Cet article analyse certaines de ces accusations, défendant l’argument que la plupart des critiques hétérodoxes au sujet des biais idéologiques de l’économie standard ne sont pas convaincantes. Toutefois, on peut considérer que l’économie standard est involontairement biaisée idéologiquement parce qu’elle défend le statu quo et évite de prendre position sur une éventuelle alternative qui serait préférable. L’ironie de la situation est alors que le biais idéologique de l’économie standard vient de ce qu’elle essaie tant d’éviter de se poser la question de l’idéologie.