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Les transformations de la pensée de Marx sur la colonisation

Rémy Herrera

Résumé

Cet article analyse les évolutions des positions de Marx à propos de la colonisation. Il souligne tout d’abord l’invariant de ces réflexions : la dénonciation de la violence coloniale. Au départ, on trouve une interprétation de la colonisation comme processus de modernisation, puis comme dynamique de destruction-régénération, liée à l’« unification du monde ». L’auteur identifie spécialement les inflexions successives de la pensée de Marx – résolument critique –, au sujet des questions coloniale et nationale, du caractère non linéaire de l’histoire, mais aussi de la différenciation des formations sociales.

Début de l’article

Les écrits de Karl Marx dans lesquels il aborde le thème de la colonisation sont assez peu nombreux, mais tiennent tout de même en plusieurs centaines de pages. Éparpillés, ils possèdent des statuts très différents, tantôt articles de presse, lettres, notes de lectures, tantôt passages des grands livres. Ces textes s’intéressent aux marges de l’histoire du capitalisme, aux périphéries de l’Europe, mais sont loin d’être anecdotiques. Il faut en effet savoir les replacer dans une réflexion sur l’avenir du monde et sur sa transformation par la révolution. Il n’est pas exagéré de dire que ces écrits, révélateurs d’un certain « européocentrisme » pour les uns ou plus « dialectiques » pour d’autres, sont en fait, selon nous, indispensables afin de saisir, dans leur complexité, les parcours de la pensée théorique et de l’action politique de Marx.

Le terme de « colonisation » est le plus souvent entendu par Marx dans son sens moderne, comme conquête militaire et occupation par une puissance métropolitaine de territoires pour dominer ces peuples étrangers et les exploiter économiquement dans le cadre d’un « empire ». Aussi le terme est-il en général employé en référence à l’expansion mondiale des pays d’Europe qui débuta à la fin du xv e siècle et conduisit au « partage du monde » au bénéfice des centres. La colonisation est donc inséparable de la singularité du mode de production capitaliste.

Marx est l’héritier des Lumières, et surtout de Hegel. Les Principes de la philosophie du droit

Plan

  • Introduction
  • L’invariant de la réflexion : la dénonciation de la violence coloniale
  • Au point de départ, la modernisation et la civilisation
  • La colonisation comme dynamique de destruction-régénération
  • Le processus d’unification du monde, marche vers la révolution
  • Inflexion N° 1 : questions coloniale et nationale
  • Inflexion N° 2 : histoire non linéaire et bonds en avant
  • Inflexion N° 3 : différenciation des formations sociales
  • Seconde rupture ou rupture continue avec Hegel ?
  • Conclusion

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