Le Capital lu par Moishe Postone : alchimie ou astrologie ?

Le livre de Moishe Postone, Temps, travail et domination sociale, (Postone 1993), se donne comme une interprétation hégélienne du Capital de Marx. Le capital est le grand sujet qui se meut lui-même sous la pulsion de la valeur. Son « mouvement » est référé non à des rapports de classe, ni au marché (supposé extérieur au travail), mais à la contrainte temporelle inhérente à une dialectique propre à la valeur, qui nous enchaîne tous dans un procès infini de travail abstrait. Le règne de la valeur détruit le monde concret des valeurs d’usage. Et cela jusqu’à ce que l’on prenne conscience de la contradiction entre ce qu’est la société capitaliste et ce qu’elle « devrait être ». Un tel exposé, fondé sur une méthode consistant à interpréter cette œuvre à partir de son brouillon, les Grundrisse, négligeant les 15 années de réélaboration qui ont suivi, est, selon l’auteur, construit sur la base de multiples confusions concernant les concepts marxiens ici en jeu : travail, domination, valeur, valorisation, abstraction, production.