Soros’ Theory of Reflexivity: a critical comment

La recherche économique contemporaine a perdu (de) sa puissance explicative. Bien que cela transparaisse déjà depuis un bon moment, ce n’est que depuis la récente crise économique que cet état de fait est reconnu de manière plus générale. Cependant, plusieurs initiatives ont étés lancées dans l’espoir d’améliorer la situation. Une initiative phare fut celle qu’a lancée George Soros, à partir du constat suivant: si la réflexivité est une composante majeure de la réalité sociale, les contributions dominantes actuelles en économie n’intègrent pas cette dimension. Le propos de mon article est de montrer que si Soros nous donne un éclairage pertinent, il ne pousse pas assez loin son raisonnement. L’essence de son message risque de se perdre en conséquence de certains propos qu’il faut mettre en doute et qui ne sont peut-être pas nécessaires à son argumentation centrale – des propos que l’on peut retrouver ailleurs dans la quête d’alternatives, et qui méritent à ce titre une attention particulière.

Fondements pragmatistes de l’institutionnalisme en économie. Théorie de la connaissance et théorie de l’action chez Veblen et Commons

Cet article a pour objectif de montrer que l’institutionnalisme de Veblen et Commons est une traduction originale du pragmatisme philosophique en science sociale. Ce lien entre pragmatisme et institutionnalisme est analysé à deux niveaux dont nous soulignons la continuité : le premier concerne la conception de la science et de la réalité ; le second concerne la conception de la rationalité économique et du comportement humain en société. Nous montrons que la vision pragmatiste des processus de pensée liés à l’action et à l’expérience implique un renouvellement tant de la méthode que de l’objet de connaissance qui caractérise l’institutionnalisme en économie.

Peut-on séparer science et idéologie en économique ?

La dimension idéologique des travaux des économistes a fait l’objet d’études qui ont le plus souvent cherché à y isoler les contributions proprement scientifiques des considérations relevant de l’idéologie, laquelle a généralement été associée à la présence de jugements de valeur. Or non seulement l’idéologie ne devrait pas être identifiée à ce dernier état de choses, mais il ne saurait être question de séparer la science de l’idéologie puisque c’est dans la mesure même où une science des phénomènes sociaux est bien établie, et qu’elle est de ce fait hautement crédible, qu’elle est le plus susceptible de donner lieu à un fonctionnement idéologique. Ce phénomène est illustré ici à partir de quelques contributions parmi les plus marquantes auxquelles l’analyse économique a donné lieu.

Concordance et discordance des temps : le travail, le marché, le politique et les temps du travail scientifique

La question de la pluralité des  » temps sociaux  » est une vieille question. Les activités humaines se déploient dans des cadres, des structures, des milieux de vie dont les logiques propres consomment ou organisent la temporalité selon des rythmes et des contraintes tendanciellement spécifiques. Qu’en est-il alors de l’exigence de vivre  » une  » vie à travers ces temporalités partiellement incommensurables ?

Cette contribution exprime l’idée qu’il faut reposer cette question du défi éminemment problématique de la mise en concordance des temporalités à partir d’un regard neuf posé sur cette activité humaine transversale qu’est l’activité industrieuse : si on reproblématise celle-ci comme une énigme, un travail d’arbitrages largement inapparent au sein d’une durée appelée ici  » ergologique « , alors le problème de la  » concordance des temps « , notamment entre ce pôle de travail et les deux autres pôles majeurs de nos sociétés modernes, le marché et le politique, se trouve déplacé et reposé autrement.

Mais les trois pôles de nos sociétés modernes sont à la fois demandeurs, déterminants de et déterminés par cette forme de travail particulière qu’est le travail scientifique : comment les trois  » temps valeurs  » évoqués dans les parties trois à cinq de ce texte ont-ils une détermination sur le temps de la production scientifique sans que celui-ci n’en perde pour autant une dimension propre de maturation ?

C’est en intégrant toutes ces dimensions que le problème de la concordance-discordance des temps sociaux nous paraît devoir être posé.