L’économie des conventions : une lecture critique à partir de la philosophie pragmatiste de John Dewey

L’économie des conventions a émergé, en France, dans les années 1980, comme un projet de recherche ambitieux qui rejette la conception utilitariste de la rationalité et introduit la référence à la convention, sans en proposer une définition stabilisée. Le travail de clarification des concepts fondamentaux mobilisés par ce courant, qui est entrepris dans cet article, conduit à considérer que ce terme désigne une méthode de recherche. Le chercheur qui ‘fait de l’économie des conventions’ est confronté à la question méthodologique de la présence des institutions dans l’action et à la question politique de l’évaluation et de l’amélioration des dispositifs institutionnels. Cet article entend montrer comment la philosophie pragmatiste de John Dewey aide à répondre à ces questions.

Ideology and Economic Analysis: Lessons from the History of Modern Economic Thought

Les critiques de biais idéologiques sont fréquentes en économie, qu’il s’agisse de la théorie, de la politique, de l’histoire ou de l’histoire des idées. La plupart d’entre nous sommes maintenant suffisamment post-modernes pour savoir que nous ne pouvons échapper à l’influence de l’idéologie sur nos processus de pensée. Pourtant, il est rare que le rôle de l’idéologie dans l’économie soit reconnu. Lorsque c’est le cas, c’est toujours en référence au travail de ceux dont les méthodes et résultats sont opposés aux nôtres. Le rôle de l’idéologie va bien au-delà du choix d’outils théoriques ou empiriques, de l’évaluation des résultats des analyses empiriques, et de leur application aux politiques économiques. Il influence aussi notre interprétation, compréhension, réception, et transmission des idées. Dans cet article, nous étudions deux cas montrant comment l’idéologie a affecté la transmission de théories économiques. Le premier concerne deux constructions d’économie positive qui ont été interprétés et utilisés comme support d’une idéologie libérale ou favorable au marché : le théorème de Coase et la règle d’unanimité en économie politique constitutionnelle. Le second cas est celui du soit disant contenu idéologique des analyses de politiques pragmatiques, mené au travers de l’étude des travaux de W.S. Jevons, J.M. Clark, A.C. Pigou, et Ronald Coase.

Economics as an Ideologically Challenged Science

Les économistes hétérodoxes, ainsi que de nombreux non-économistes, ont souvent accusé l’économie et les économistes standard d’exprimer des théories idéologiquement biaisées. Cet article analyse certaines de ces accusations, défendant l’argument que la plupart des critiques hétérodoxes au sujet des biais idéologiques de l’économie standard ne sont pas convaincantes. Toutefois, on peut considérer que l’économie standard est involontairement biaisée idéologiquement parce qu’elle défend le statu quo et évite de prendre position sur une éventuelle alternative qui serait préférable. L’ironie de la situation est alors que le biais idéologique de l’économie standard vient de ce qu’elle essaie tant d’éviter de se poser la question de l’idéologie.

L’orientation pragmatiste du projet d’Henri Guitton

Le pragmatiste constitue actuellement un lieu d’échange important entre philosophie et économie. Il irrigue les recherches dans les domaines de la justice sociale, de l’éthique et de la méthodologie économique. La réception de l’inspiration pragmatiste en France dans le domaine économique bute de longue date sur certains obstacles majeurs. Etudier l’une des rares contributions économiques françaises au pragmatisme, celle présentée au début des années cinquante par Henri Guitton, permet d’isoler certaines causes culturelles et politiques de cette mauvaise réception.