Change and Continuity in Economic Methodology and Philosophy of Economics

Résumé Cet article présente mes réflexions en leur état au début de l’année 2020 quant à la situation de la méthodologie économique et de la philosophie de l’économie (ou philosophie économique), après quinze années passées à la co-direction (avec Wade Hands) du Journal of Economic Methodology. J’y constate les changements des méta-champs de recherche que sont … Continuer la lecture de Change and Continuity in Economic Methodology and Philosophy of Economics

God, Providence and the Future of the Social Sciences

On observe une tendance accrue en science économique à favoriser les méthodes formelles, car elles sont selon certains plus « rigoureuses », et (donc) plus « scientifiques » (Lawson 1997; Fullbrook 2004). Mais cela ne va pas de soi. Cette tendance est plutôt préoccupante, pour plusieurs raisons. En effet, l’attribution a priori d’un statut supérieur à une méthode donnée crée un climat anti intellectuel peu favorable au progrès scientifique. Par ailleurs, l’orientation méthodologique en question se propage auprès des autres sciences sociales. Si les questions de méthodologie, bien que centrales pour le bon avancement de la science, sont trop souvent reléguées au domaine de la philosophie des sciences, ceci est l’occasion de pointer à nouveau leur importance. Dans cet article, je propose d’examiner 1) quelles peuvent être les limites de l’usage des méthodes formelles en sciences sociales, d’après les apports du Réalisme Critique et/ou de la Cambridge School, et 2) l’étendue du phénomène méthodologique en question, tenant compte de sa composante dogmatique. Enfin, j’encourage la communauté scientifique à (re)trouver une démarche réflexive en matière de méthodologie, et à constituer des alliances interdisciplinaires visant à préserver la liberté intellectuelle qui sous tend tout progrès scientifique.

Concealed Ideologies: A PAE View of Ideology in Economics

Un système conceptuel définit, en excluant d’autres, un point de vue sur les objets qu’il étudie. Le système conceptuel des sciences humaines se rapporte à ses objets d’étude de deux manières qui les conduit à jouer un rôle idéologique et épistémologique. Premièrement, un système conceptuel en sciences sociales peut modifier ses objets d’étude en devenant une partie du système de concepts et croyances à travers lesquels les êtres humains se définissent eux-mêmes, perçoivent les autres et font des choix, changeant ainsi les formes du monde dans lequel ils évoluent. Deuxièmement, à la différence des sciences naturelles, les sciences humaines sont un moyen de préserver ou reconstruire les réalités de base qu’elles étudient. Différentes systèmes conceptuels présentent différents ensemble de choix, réels ou imaginaires, que les populations humaines choisissent et dans lesquels elles vivent. Il n’est pas possible que chacun de ces ensembles de choix traitent également les différents groupes qui composent la société. Cela veut dire que, indépendamment de jugements de valeur, toute théorie sociale, l’économie ne faisant pas exception à la règle, favorise nécessairement un groupe par rapport à d’autres, de sorte que toute tentative pour bloquer les recherches et analyses depuis des perspectives théoriques différentes, c’est-à-dire l’anti-pluralisme, est un comportement idéologique.

Economics as an Ideologically Challenged Science

Les économistes hétérodoxes, ainsi que de nombreux non-économistes, ont souvent accusé l’économie et les économistes standard d’exprimer des théories idéologiquement biaisées. Cet article analyse certaines de ces accusations, défendant l’argument que la plupart des critiques hétérodoxes au sujet des biais idéologiques de l’économie standard ne sont pas convaincantes. Toutefois, on peut considérer que l’économie standard est involontairement biaisée idéologiquement parce qu’elle défend le statu quo et évite de prendre position sur une éventuelle alternative qui serait préférable. L’ironie de la situation est alors que le biais idéologique de l’économie standard vient de ce qu’elle essaie tant d’éviter de se poser la question de l’idéologie.

Rawls a-t-il une conception de la citoyenneté ?

La conception traditionnelle de la citoyenneté : intégration et création d’une communauté nationale solidaire, ne doit-elle pas être profondément modifiée en l’absence d’homogénéité culturelle des populations concernées ? A ce souci, Rawls répond par une solution complexe qui est celle d’un libéralisme « politique » dans lequel les questions politiques essentielles qui concernent, par exemple, la Constitution ou les débats de principe, seraient réglées grâce à des principes dérivés de la conception que les citoyens se font d’eux-mêmes : comme des personnes libres et égales, donc sans faire intervenir de référence à des valeurs personnelles ou à des conceptions substantielles du Bien. Cette solution implique donc une conception de la citoyenneté qu’à partir d’une réflexion sur le dialogue entre Habermas et Rawls, on cherchera à dégager, plutôt du côté d’une réinterprétation de la « position originelle » que dans la conception politique de la personne que Rawls propose.