Cheap Preferences and Intergenerational Justice

L’objet de cet article est un défi auquel font face les théories welfaristes de la justice intergénérationnelle. Les conceptions subjectives du welfarisme permettent et même exigent qu’une génération, G1, inculque des préférences chiches à la génération suivante, G2. Cela autoriserait G1 à consommer les ressources disponibles jusqu’à épuisement, au lieu de les épargner, ce qui semble contredire l’idéal de durabilité. L’objectif de cet article est de montrer que, même si en effet le welfarisme exige de cultiver des préférences chiches chez les générations futures, il peut néanmoins répondre à deux objections majeures à une éducation visant à former de telles préférences, l’Objection de l’Autonomie et l’Objection de l’Equité. Cet article défend les thèses suivantes. Un enseignement voué à développer les capacités liées à l’autonomie est compatible avec la formation de préférences chiches pour autant que l’autonomie est comprise comme un état final et non comme une précondition. Plus encore, le développement de l’autonomie pourrait même être requis afin d’améliorer les opportunités de bien-être de G2. Cependant, puisqu’être autonome rend G2 capable de réviser ses préférences chiches de départ, G1 devrait également épargner assez de ressources pour donner à G2 la possibilité de le faire. Par conséquent, cultiver des préférences chiches chez G2 ne permet pas à G1 d’épuiser les ressources disponibles.

Behavioral Paternalism

Un nouveau type de paternalisme s’est développé ces dix dernières années sous l’impulsion de travaux innovateurs de certains économistes comportementaux. Ce nouveau type de paternalisme, que j’appelle ici paternalisme comportemental, s’est popularisé grâce à la théorie du « coup de pouce » de Richard Thaler et Cass Sunstein et remet en question l’idée selon laquelle le paternalisme serait inacceptable dans nos sociétés. L’objet de cet article est d’évaluer sa légitimité morale sans, néanmoins, se limiter à son supposé libertarianisme. Les résultats de mon investigation peuvent se résumer ainsi : bien que le paternalisme comportemental soit généralement reconnu pour son caractère libéral, il ne satisfait pas en fait les conditions de ce que Joel Feinberg nomme le « paternalisme mou ». Néanmoins, il possède des qualités morales sous-estimées par ses partisans. Il résiste d’abord très bien à la critique égalitariste d’Elizabeth Anderson. A la différence des formes traditionnelles de paternalisme, le paternalisme comportemental n’est pas dégradant et n’est pas ostracisant. Le paternalisme comportemental, enfin, peut se targuer d’être véritablement altruiste, à la condition, cependant, d’abandonner les hypothèses principales de Sunstein et Thaler.

L’hétérogénéïté des mécanismes spontanés et ses implications pour la lecture de Hayek

Selon Friedrich Hayek, la conformité à la règle de droit (the rule of law) se porterait garante de l’existence d’une société libre, c’est-à-dire d’une société gouvernée par la loi et non par les hommes. Le but de cet article est premièrement de clarifier l’interprétation de la règle de droit susceptible d’accréditer cette thèse de Hayek et, deuxièmement, d’examiner dans quelle mesure cette interprétation peut rendre compte des critères — spécialement des critères de nature économique — auxquels Hayek fait lui-même appel lorsqu’il s’agit de juger de l’acceptabilité des lois. Nous concluons que l’usage de certains de ces critères ne relève pas d’une conception systématique du droit et que, loin de confirmer le rôle déterminant de la règle de droit, il cautionne plutôt l’arbitraire de ceux qui font les lois.

La loi de la liberté

Selon Friedrich Hayek, la conformité à la règle de droit (the rule of law) se porterait garante de l’existence d’une société libre, c’est-à-dire d’une société gouvernée par la loi et non par les hommes. Le but de cet article est premièrement de clarifier l’interprétation de la règle de droit susceptible d’accréditer cette thèse de Hayek et, deuxièmement, d’examiner dans quelle mesure cette interprétation peut rendre compte des critères — spécialement des critères de nature économique — auxquels Hayek fait lui-même appel lorsqu’il s’agit de juger de l’acceptabilité des lois. Nous concluons que l’usage de certains de ces critères ne relève pas d’une conception systématique du droit et que, loin de confirmer le rôle déterminant de la règle de droit, il cautionne plutôt l’arbitraire de ceux qui font les lois.