Résumé
Les relations controversées entre Rawls et l’utilitarisme classique sont toujours étudiées à travers le prisme kantien. Pourtant, historiquement, c’est le rapprochement avec Pareto qui doit s’imposer pour comprendre les fondements de la critique rawlsienne de l’utilitarisme. La genèse de la position originelle met au premier plan le désintérêt mutuel et non le voile d’ignorance, cette volonté de construire une théorie concurrente à l’utilitarisme à partir des individus en conflit, par respect des intérêts individuels est un argument parétien. D’ailleurs, les critiques adressées par Rawls et Pareto à Bentham ont de nombreux points communs. Mais pour construire une théorie de la justice, il faut une forme de mesure commune des désirs, et cette idée est étrangère à la doctrine parétienne. L’étude de la relation entre Pareto et Rawls sur le thème de l’utilitarisme classique doit également souligner cette divergence et tenter de l’interpréter. Nous défendrons l’idée suivante. Cette forme de commensurabilité parétienne est le pendant du désir kantien. Dans les débats sur les relations que Rawls entretient avec l’utilitarisme, ces deux notions sont au cœur des interprétations.
Mots-clés
Rawls, Pareto, utilitarisme
Classification JEL : A13 ; B20