Début de l’article
Issu de son travail de recherche doctorale mené sous la direction du professeur Bernard Baudry à l’Université Lumière Lyon 2, l’ouvrage de Virgile Chassagnon est une contribution à la théorie de la firme, mais également à la science économique en tant que telle et plus généralement aux sciences humaines et sociales. En disant explicitement vouloir poser les jalons d’une théorie de la firme qui puisse la donner à voir « tout à la fois comme une organisation et comme une institution du capitalisme industriel destinée à satisfaire, de manière socialement profitable, les besoins humains » (11), l’auteur affiche en effet d’emblée une ambition : répondre aux questions qui se posent sur la nature, les frontières et l’organisation interne de cet « objet complexe » autrement que par la voie du réductionnisme économique. En faisant le pari de la pluridisciplinarité et de la fertilisation croisée des savoirs, il entend ainsi réinvestir un débat académique à l’histoire déjà longue et riche, mais qui s’est longtemps concentré sur les seuls mécanismes d’incitation et de coordination marchands (formels) susceptibles de générer les incitations nécessaires à l’activité productive – quand il n’écartait pas purement et simplement la firme du champ de la réflexion en la réduisant à une simple « boite noire ». Ce qui a eu pour résultat de produire une vision assez irréaliste de la firme, mais également conduit la communauté des économistes à minorer son importance dans la fabrique de notre société ; une importance qui se fait pourtant ressentir chaque jour davantage comme en témoigne la multiplication des travaux consacrés à la RSE – pour responsabilité sociale et/ou sociétale des entreprises – ou au rapport entre entreprise et démocrati…