Accueil » Numéros » 2021/1 (Vol n°22) – Étudier la pensée économique par le prisme de l’épistémologie historique » Étudier la pensée économique par le prisme de l’épistémologie historique

Étudier la pensée économique par le prisme de l’épistémologie historique

Sina Badiei et Matteo Vagelli

Résumé

De nombreux ouvrages récents ont pu reprocher à la pensée économique, notamment depuis la crise financière de 2008, de ne pouvoir fournir les ressources nécessaires à la résolution de divers problèmes économiques et sociaux (Laval 2007 ; Nelson 2014 ; Earle et al. 2016 ; Pilkington 2016 ; Kwak 2017). Ainsi, certains travaux, issus par exemple de la sociologie (Bourdieu 1996, 2000), critiquent le caractère limité de la rationalité à l’œuvre dans les théories économiques : cette rationalité réduirait le caractère polyvalent des actions humaines à la seule quête de la richesse matérielle.

Une étude détaillée de l’histoire de la pensée économique manifeste pourtant que la pensée économique ne se focalise plus, depuis le tournant marginaliste ou subjectiviste, sur l’aspect dit matériel de la vie humaine : elle s’intéresse à l’action humaine dans toutes ses dimensions, en tant que cette action incarne un choix, individuel ou social. Par exemple, l’économie politique constitutionnelle étudie les institutions et les structures politiques et juridiques, y compris l’État, et ces analyses ne se limitent pas à l’étude du rôle de l’État dans l’accroissement des richesses matérielles. De même, la macroéconomie moderne n’étudie pas les phénomènes sociaux sous l’angle limité de la richesse matérielle – il suffit de penser au World Happiness Report et à l’Indice de développement humain, tous deux élaborés par des économistes, tout comme à l’élargissement considérable, ces dernières décennies, de la notion de PIB …

[Télécharger l’article sur Cairn]