Accueil » Numéros » 2017/1 (Vol. 18) – La question de l’autre en économie » Le Renversement de l’individualisme possessif – de Hobbes à l’État social, Pierre Crétois

Le Renversement de l’individualisme possessif – de Hobbes à l’État social, Pierre Crétois

Jean Magnan de Bornier

Le Renversement de l’individualisme possessif – de Hobbes à l’État social, Pierre Crétois (Paris, Classiques Garnier, 2014)

Cet essai brillant et stimulant entend tracer « la genèse théorique de l’État social depuis la philosophie de Hobbes jusqu’aux penseurs solidaristes ». Il y a selon l’auteur renversement dans la mesure où le caractère absolu de la propriété privée est rejeté en tant que fondement de la société et du politique. Si Hobbes et Locke apparaissent, de manière d’ailleurs nuancée par rapport au point de vue de Macpherson qui a défini ce concept, comme ses fondateurs, Rousseau occupe quant à lui la position du critique le plus fondamental. Autour de ce trio, nombre de penseurs des dix-huitième et dix-neuvième siècles, d’un bord comme de l’autre, sont examinés pour leurs différents apports à la discussion quant au caractère absolu ou non de la propriété.
On se souvient que le concept d’individualisme possessif, chez Macpherson, se définit par sept propriétés ; son retournement implique-t-il de prendre la négation de chacune de ces propriétés ? Crétois, qui a emprunté l’idée du renversement à Étienne Balibar, n’est pas explicite sur ce point. Notre impression, une fois le livre refermé, est qu’il s’agit de contester la troisième de ces propriétés, la plus fondamentale peut-être, à savoir que l’individu est essentiellement le propriétaire de sa personne et de ses capacités, pour lesquelles il ne doit rien à la société. La question de la dette envers la société est en effet centrale chez Crétois.
Le livre comporte quatre parties. La première intitulée Hobbes contre Locke décrit et contraste leurs positions…

[Télécharger la recension sur Cairn]