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Néoliberalisme(s) et démocratie(s)

Sébastien Caré et Gwendal Châton

Les idées, justes ou fausses, des philosophes de l’économie et de la politique ont plus d’importance qu’on ne le pense en général. A vrai dire le monde est presque exclusivement mené par elles. Les hommes d’action qui se croient parfaitement affranchis des influences doctrinales sont d’ordinaire les esclaves de quelque économiste passé. Les visionnaires influents, qui entendent des voix dans le ciel, distillent des utopies nées quelques années plus tôt dans le cerveau de quelque écrivailleur de Faculté. Nous sommes convaincus qu’on exagère grandement la force des intérêts constitués, par rapport à l’empire qu’acquièrent progressivement les idées.(Keynes, 1936)Ce qui, du point de vue de l’observateur contemporain, semble être un affrontement d’intérêts opposés a bien souvent été décidé antérieurement par un débat d’idées dans des cercles plus restreints.(Hayek, 1949)

Néolibéralisme : l’étrange succès d’un concept mou

1Longtemps d’un usage très marginal, le concept de « néolibéralisme » a vu son emploi s’étendre considérablement dans les dernières années du xxe siècle (Flew, 2014). La croissance exponentielle du recours à ce vocable, depuis maintenant plus de vingt ans, n’a pas été seulement observable dans les débats qui se déroulent au sein de l’espace public : le néolibéralisme s’est aussi peu à peu imposé dans l’espace académique comme un objet d’étude désormais légitime. En philosophie, en économie, en science politique, en sociologie et en histoire, les travaux sur le néolibéralisme fleurissent depuis deux décennies, ce phénomène ayant été encore amplifié par la publication du cours que Michel Foucault lui a consacré à la fin des années 1970 au Collège de France (Foucault, 2004). Par-delà la pluralité des définitions retenues, la multiplicité des méthodes mobilisées et la diversité des appréciations posées, un fait massif s’impose : l’étude du néolibéralisme est aujourd’hui à la mode.

2Un examen de cette production académique foisonnante révèle cependant qu’il n’existe aucun consensus quant au contenu prêté au néolibéralisme, quant au sens donné à son histoire et quant à son impact sur le monde contemporain. Les travaux portant sur le concept insistent tantôt sur l’impossibilité qu’il y aurait à le rapporter à une définition unique, tantôt sur la très grande cohérence du projet de transformation sociale dont il serait le fondement. Les recherches sur l’histoire et la sociologie du néolibéralisme décrivent ici une quasi-conspiration déployant dans l’ombre une stratégie hégémonique à l’échelle mondiale, là un mouvement sans unité, à la fois éclaté dans des contextes nationaux fortement différenciés et pluriel dans ses orientations politiques et économiques. Les études sur ses prolongements économiques s’interrogent quant à elles sur l’impact du néolibéralisme sur le réel : à la lumière de la crise de 2008, certains ont pu expliquer que notre époque se caractériserait par un recours insuffisant au néolibéralisme, d’autres au contraire ont insisté sur sa responsabilité écrasante dans le déclenchement de la crise financière et des difficultés économiques qui l’ont suivie. La prolifération tous azimuts des recherches sur le néolibéralisme conduit ainsi à une situation pour le moins paradoxale : plus elles se multiplient, moins on perçoit clairement ce que signifie cette notion qui ressemble fort à ce que les Anglo-saxons appellent un fuzzy concept.

Le néolibéralisme à l’épreuve de la critique

3Si les travaux universitaires sur le néolibéralisme se caractérisent ainsi par une très grande diversité, il n’en reste pas moins que les approches critiques sont aujourd’hui largement dominantes. Par-delà leurs différences, qui sont évidemment loin d’être négligeables, ces approches ont pour point commun de s’employer à dévoiler les dangers anthropologiques du néolibéralisme et à mettre en évidence les conséquences politiques et sociales délétères qu’engendrerait sa mise en pratique dans les sociétés contemporaines, au nord comme au sud de l’équateur. Si la galaxie des approches critiques apparaît très vaste, il est néanmoins possible d’y distinguer trois étoiles qui brillent d’une lumière particulièrement intense. On ne peut en effet que relever l’incontestable vitalité de trois branches de la pensée critique : la première trouve sa source dans la philosophie de Karl Marx, la deuxième s’inscrit dans le sillage de la sociologie de Pierre Bourdieu, la troisième trouve son inspiration dans la démarche archéo-généalogique proposée par Michel Foucault. Sans prétendre à une impossible exhaustivité, et sans nier qu’il existe des métissages possibles entre ces trois inspirations, on voudrait évoquer ici brièvement ce qui fait l’actualité de chacune d’elles.

4L’approche marxiste envisage le néolibéralisme comme la nouvelle idéologie dominante qui recouvre de son voile trompeur – on se souvient de la métaphore de la camera obscura utilisée dans L’idéologie allemande (Marx et Engels, 1845) – la forme contemporaine prise par le capitalisme. Sur le plan de l’analyse économique, les travaux récents de Gérard Duménil et Dominique Lévy illustrent parfaitement cet angle d’attaque (Duménil et Lévy, 2010 et 2014). A leurs yeux, le néolibéralisme correspond à une nouvelle phase du capitalisme, débutée dans les années 1970, qui prend la forme d’une « restauration » permettant un accroissement des revenus des classes supérieures – et notamment du petit monde de la finance (Duménil et Lévy, 2009). Au plan philosophique, les travaux de Stéphane Haber envisagent quant à eux le néolibéralisme comme un « néocapitalisme » reposant sur une « ontologie sociale » spécifique qui, tout en donnant l’impression de concourir à la libération des individus, met de facto en place de nouvelles formes d’aliénation toujours plus subtiles (Haber, 2013). Les travaux du géographe britannique David Harvey, qui font du néolibéralisme un « projet de classe » au service d’une domination accrue permise par le « capitalisme global » (Harvey, 2014), s’inscrivent aussi dans ce courant qui connaît indéniablement, depuis quelques années, un nouveau souffle.

5L’approche bourdieusienne apparaît certes très soucieuse de se distinguer de l’approche marxiste (Pallotta, 2015), mais elle partage avec elle cette conception du néolibéralisme comme idéologie du temps présent. Dans un texte célèbre publié à la fin des années 1990 sous le titre « l’essence du néolibéralisme » (Bourdieu, 1998a), le « dernier Bourdieu » décrivait le néolibéralisme comme « l’utopie, en voie de réalisation, d’une exploitation sans limites », comme « un programme de destruction méthodique des collectifs », mais aussi comme une « nouvelle croyance » se présentant « comme la forme suprême de l’accomplissement humain » – ce que d’autres ont pu appeler, un demi-siècle auparavant, une religion séculière. Dans son sillage, les travaux de Loïc Wacquant (Wacquant, 1998, 1999 et 2009) ou de Keith Dixon (Dixon, 2000, 2005 et 2008) ont cherché à mettre en évidence les conséquences politiques et sociales néfastes de cette religion de l’économie qui aurait réussi à conquérir une hégémonie culturelle indiscutable. Pour les tenants de cette approche, il s’agit bien de dénoncer une utopie ravageuse tout en militant simultanément pour la formation d’une « gauche de gauche » qui défend l’État et les services publics afin de lutter contre « l’invasion néolibérale » (Bourdieu, 1998b). Ajoutons enfin que ce courant a également inspiré des recherches portant plus spécifiquement sur l’histoire – il est vrai longtemps méconnue – de la branche française de ces nouveaux croyants que seraient les penseurs néolibéraux (Denord, 2007).

6L’approche foucaldienne, quant à elle, propose d’envisager le néolibéralisme sous un autre jour, c’est-à-dire comme une « gouvernementalité » d’un nouveau genre. En France, ce sont sans doute Pierre Dardot et Christian Laval qui incarnent le mieux la reprise et le prolongement des intuitions foucaldiennes. Ils décrivent ainsi le néolibéralisme comme « la nouvelle Raison du monde » ayant réussi à imposer un gouvernement des vivants qui passe par une transformation complète des rapports de pouvoir : le néolibéralisme reposerait ainsi tout entier sur la figure inédite de « l’individu-entrepreneur » (Dardot et Laval, 2009). Par contraste avec l’approche bourdieusienne, l’approche foucaldienne propose en outre de ne pas envisager les mutations contemporaines sous l’angle d’une « démission de l’État », mais plutôt comme une reconfiguration de l’État qui devient ainsi « l’agent le plus efficace de la mutation néolibérale des sociétés » (Laval, 2014). Outre-Atlantique, les travaux de Wendy Brown s’inspirent aussi de la vision foucaldienne du néolibéralisme afin de mettre en évidence un phénomène de « dé-démocratisation » qui, à partir du laboratoire américain, se diffuserait partout sur le globe, le néolibéralisme étant voué à s’allier naturellement avec le néoconservatisme (Brown, 2007). Des trois courants de la pensée critique, c’est sans doute ce dernier qui est aujourd’hui le plus vivace, comme en témoigne la parution de deux numéros importants de la revue Raisons politiques soumettant les thèses de Foucault à la discussion (Raisons politiques, 2007 et 2013).

Le néolibéralisme au prisme de l’histoire des idées

7Les contributions présentées dans ce dossier viennent de quatre disciplines différentes – la philosophie, l’histoire, l’économie et la science politique. Elles ont pour point commun de s’inscrire en dehors de l’orbite des approches critiques pour se situer, plus modestement, dans celui de l’histoire des idées politiques et économiques – ce qui n’implique pas pour autant un quelconque présupposé philolibéral. Un tel positionnement ne va pas de soi aujourd’hui, tant il est vrai que l’histoire des idées passe dorénavant pour une perspective quasiment obsolète, en tout cas naïvement idéaliste, quand elle n’est pas tout simplement suspectée de charrier des opinions conservatrices plus ou moins latentes. Beaucoup considèrent ainsi qu’elle est vouée à se muer en une « histoire sociale des idées politiques » enfin débarrassée de sa candeur et de son surmoi réactionnaire (Pudal, 2006 ; Matonti, 2012). Rien n’interdit de considérer, cependant, que l’histoire des idées politiques n’est pas définitivement condamnée et qu’elle peut évoluer sans être phagocytée par le sociological turn (Nay, 2016). C’est le pari de ce numéro que d’illustrer la pertinence d’une démarche qui, sans négliger les apports de la « nouvelle histoire des idées » (Giroux et Karmis, 2013 ; Skornicki et Tournadre, 2015), n’entend pas pour autant congédier les formes plus traditionnelles d’investigation.

8Cette manière hétérodoxe de s’intéresser au néolibéralisme découle de quatre choix méthodologiques clairement assumés que l’on peut formuler sous forme de principes. Elle repose tout d’abord sur un principe de charité interprétative qui conduit à prendre au sérieux les idées avancées par les penseurs néolibéraux, à les étudier en détail en explorant leur logique interne, à chercher à reconstituer le dédale que constitue chaque proposition théorique basée sur une architecture conceptuelle toujours singulière, et donc à refuser de faire des idées de simples outils au service d’une recherche de rétributions matérielles et/ou symboliques. C’est seulement au prix d’une telle épochè qu’il apparaît possible de comprendre en profondeur l’intentionnalité qui caractérise ces propositions théoriques : sans respecter ce vœu d’abstinence axiologique, il semble bien difficile de réellement progresser dans l’intelligibilité de l’objet « néolibéralisme ».

9Elle entend ensuite mettre en œuvre un principe de non-hiérarchisation qui amène à étudier avec autant de curiosité les grands penseurs consacrés que nombre d’auteurs aujourd’hui oubliés, et ceci en dépit de l’importance qu’ils ont pu avoir à certains moments-clés de l’histoire du mouvement néolibéral. Il ne s’agit donc pas de produire une « histoire des vainqueurs », mais plutôt de s’inspirer de ce qu’on appelle aujourd’hui l’« histoire des possibles » (Deluermoz et Singaravélou, 2016) : cela passe par une patiente reconstruction des différents chemins qu’aurait pu prendre cette histoire si les choses s’étaient passées autrement, ce qui permet en outre d’envisager les voies de possibles réorientations futures. Contrairement à ce que suggère l’image réifiante d’un néolibéralisme ossifié et pleinement réalisé, l’attention à l’égard de penseurs plus marginaux vient révéler qu’il n’a peut-être pas épuisé toutes ses potentialités et que, par conséquent, il demeure susceptible d’emprunter à l’avenir d’autres chemins. Dans cet esprit, le regard porte alors moins sur le néolibéralisme que sur les néolibéralismes auxquels une telle histoire des idées peut permettre d’accéder.

10Cette manière de procéder insiste encore sur l’importance d’un principe de contextualisation : elle tente en effet de « tenir les deux bouts de la chaîne », c’est-à-dire qu’elle essaye de ne jamais séparer l’étude approfondie des idées de leur inscription dans un contexte d’énonciation. Au-delà d’une référence commode au contexte, devenue un peu rituelle avec la diffusion de l’œuvre de Quentin Skinner (Skinner, 1969 ; Tully, 1989), cela suppose concrètement d’intégrer à l’analyse l’examen de multiples dimensions qui tiennent aux contextes politiques et économiques bien sûr, mais aussi aux contextes culturels nationaux, aux contextes sémantiques ou encore aux contextes académiques. Là aussi, plutôt que d’évoquer l’inscription dans un contexte d’énonciation, il faudrait mieux se référer à des contextes divers dans lesquels les auteurs néolibéraux sont plongés lorsqu’ils produisent leurs systèmes de pensée.

11Enfin, cette démarche repose également sur ce que l’on pourrait appeler un principe d’horizontalité. Cela signifie qu’elle entend ne pas négliger la question de la réception et de la circulation des idées néolibérales, afin notamment de ne pas laisser de côté les phénomènes souvent décisifs de traduction, d’appropriation et de prolifération transnationale dont elles ont effectivement fait l’objet. Néanmoins, la mise en évidence de ces dynamiques ne peut être entreprise sans s’interroger au préalable sur leurs conditions de possibilité théoriques, c’est-à-dire sans en passer par l’étude de la logique interne des discours concernés ainsi que de leurs contextes de production.

12Les contributions réunies dans ce numéro thématique s’inscrivent ainsi dans une perspective de travail résolument ouverte et sans a priori sur le néolibéralisme. Cette approche, volontairement humble et non dogmatique, cherche avant tout à faire progresser l’intelligibilité d’un objet conçu non pas comme un bloc homogène, mais comme un ensemble complexe de doctrines dont certaines ont lourdement pesé sur le cours du dernier demi-siècle, tandis que d’autres se sont perdues dans les oubliettes de l’histoire ou ont été abandonnées à la critique rongeuse des souris. Cette perspective n’est pas sans lien avec celle qui inspire deux ouvrages publiés récemment aux États-Unis (Stedman Jones, 2012 ; Burgin, 2012), mais tout en insistant davantage que ne le font ces livres sur la diversité de la nébuleuse néolibérale et sur l’existence, dans son histoire, de plusieurs possibles non advenus – une orientation en consonance avec les travaux de Serge Audier (Audier, 2007 et 2012). Simultanément, une telle démarche entend aussi contribuer à sa manière à la compréhension de l’étonnante « résilience » dont le néolibéralisme a su faire preuve sur la longue durée (Schmidt et Thatcher, 2013) : il est vrai que son « étrange survie » depuis quatre décennies, notamment dans le domaine économique qui est sa facette la plus visible, ne peut que susciter l’interrogation (Crouch, 2016).

Le néolibéralisme face à la question démocratique

13Ce dossier propose de surcroît d’explorer la variété des néolibéralismes en questionnant leurs rapports contrastés et parfois ambigus à la démocratie. Deux manières de rendre compte de cette diversité peuvent ainsi être envisagées : l’une qui s’attache en quelque sorte à construire une échelle des degrés d’adhésion au régime démocratique ; l’autre qui cherche à distinguer la nature des correctifs que certains penseurs ont proposé de lui apporter.

14Si la démocratie a pu faire l’objet, au sein d’une même famille doctrinale, d’attitudes aussi contradictoires, c’est paradoxalement parce que beaucoup de néolibéraux défendent une même conception négative de la liberté. Comme l’a très clairement énoncé Isaiah Berlin, ce choix découle de la priorité donnée à la question « Jusqu’où le gouvernement s’ingère-t-il dans mes affaires ? » sur celle consistant à se demander « Qui me gouverne ? », à laquelle s’attachent plus volontiers ceux qui défendent une conception positive de la liberté (Berlin, 1969 ; en amont, cf. Röpke, 1939 et Hayek, 1960). Or, cette distinction conduit à considérer que la démocratie et le libéralisme constituent des réponses à deux questions bien distinctes, respectivement relatives aux modalités d’exercice et aux limites du pouvoir d’un côté, et à sa dévolution de l’autre. La démocratie entend ainsi remettre au peuple un pouvoir que le libéralisme vise seulement à borner : comme le souligne très nettement Hayek, le vis-à-vis de la démocratie serait donc l’autoritarisme, celui du libéralisme serait le totalitarisme (Hayek, 1960). Pour l’exprimer dans le vocabulaire des mathématiques, les deux questions précédentes seraient similaires à deux droites qui resteraient toujours parallèles.

15Les penseurs néolibéraux accordent en général leur partition sur ces distinctions, ce qui les conduit à adopter une définition procédurale et non substantielle de la démocratie : ils la considèrent alors uniquement comme étant une manière de prendre des décisions, d’assurer une gestion pacifique des conflits, de sélectionner des dirigeants en s’assurant la possibilité d’alternances sans violence. Cette distance entretenue à l’égard de la démocratie ouvre ainsi sur un large spectre d’attitudes possibles, d’un rejet pur et simple (Murray Rothbard, Hans-Hermann Hoppe, Robert Nozick, Louis Baudin, Alexander Rüstow) à une adhésion très poussée (Raymond Aron, Norberto Bobbio), en passant par une acceptation qui ne s’opère que sous conditions (Friedrich Hayek, Wilhelm Röpke, Milton Friedman). Cette manière d’envisager les diverses conceptions néolibérales de la démocratie a le mérite de la clarté, mais elle n’est pas exempte d’inconvénients, le moindre n’étant pas de masquer l’existence de différences d’une autre nature, mais aussi de donner sans doute trop de crédit à la thèse d’une indépendance possible entre néolibéralisme et démocratie.

16Une lecture approfondie de ces philosophes suggère en effet que la question du régime politique ne leur est pas totalement indifférente. Si on laisse de côté les néolibéraux les plus vigoureusement hostiles à la démocratie, on doit relever que beaucoup de ceux qui en acceptent les principes la rejettent lorsqu’elle prend une forme qualifiée par eux d’« illimitée » (Hayek, 1979), de « pure » (Röpke, 1962) ou encore d’« exaspérée » (Ortega y Gasset, 1917). La compossibilité du néolibéralisme et de la démocratie s’obtient alors au prix d’une contention de cette dernière : l’indépendance entre la doctrine et le régime paraît donc devoir être relativisée. Partant, la réponse à la question des limites du pouvoir influencerait bien celle donnée à la question platonicienne que rejetait avec tant de vigueur Karl Popper : « Qui doit gouverner ? » (Popper, 1993). Pour filer la métaphore mathématique, ces deux questions seraient similaires à deux droites qui finiraient nécessairement par devenir sécantes.

17Ce constat invite à appréhender différemment les rapports du néolibéralisme à la démocratie, qu’il ne s’agit plus d’interroger dans les termes d’une plus ou moins grande compatibilité, mais selon la manière dont ils s’influencent réciproquement. On découvre alors que, si la plupart des néolibéraux insistent sur la nécessité de borner le processus démocratique, le registre des griefs qu’ils lui adressent dans sa forme « chimiquement pure » et la nature des limites qu’ils lui opposent présentent des différences significatives – ce qui illustre d’ailleurs, une fois de plus, la grande diversité des néolibéralismes. On doit notamment insister sur trois attitudes de méfiance néolibérale vis-à-vis de la démocratie, que l’on peut certes parfois retrouver associées sous une même plume, mais qui doivent néanmoins être analytiquement distinguées. Nous verrons sans grand étonnement réapparaître, derrière ces trois critiques bien distinctes, les principales écoles néolibérales du xxe siècle : celle de Fribourg, celle de Chicago et celle de Vienne.

18Une première attitude néolibérale, que l’on peut qualifier de conservatrice, déplore l’irruption des « masses » indisciplinées dans l’espace public et propose, pour conjurer ce qu’elle perçoit comme le signe d’une dégénérescence culturelle, de confier l’exercice du pouvoir à une élite vertueuse. S’inspirant du diagnostic sévère dressé par José Ortega y Gasset dans La Révolte des masses (Ortega y Gasset, 1929), cette critique, notamment portée par les ordolibéraux allemands, commence par dénoncer les effets délétères de la démocratie, coupable d’exacerber un pluralisme nocif (Röpke, 1962), de conforter les masses dans un matérialisme étriqué et d’affaiblir les dispositions vertueuses des individus. Le régime démocratique est ici accusé de placer à la tête de la société des « hommes non habilités pour en prendre la direction spirituelle, parce qu’incapables de se distinguer suffisamment des masses nivelées, auxquelles ils appartiennent par leur savoir et leurs réactions affectives » (Röpke, 1939, pp. 21-22). Au modèle d’une société de masse bureaucratisée et avilissante, les ordolibéraux entendent ensuite substituer l’idéal d’une société organique unie dans une culture et des modes de vie stables et partagées, ordonnée par un État fort, capable de résister aux humeurs d’un peuple irrationnel et dirigée par ce que Röpke appelait, avec une nostalgie non dissimulée pour le Moyen Âge, des « aristocrates de l’esprit civique » (Röpke 1958 ; en amont, cf. également Rougier, 1938). En creux de cette critique de la démocratie, on décèle ainsi une forme singulière de néolibéralisme qui nécessite le secours d’un État alerte dont l’activité consiste notamment à entretenir une tradition morale commune qui le renforce en retour, tout en servant de base au bon fonctionnement de la vie économique.

19Une deuxième posture néolibérale, que l’on propose de nommer technocratique, dénonce l’inefficacité de la « démocratie illimitée » et envisage de soustraire à la délibération collective un grand nombre de questions que seule une élite savante devrait pouvoir trancher. Cette critique transcende les chapelles du néolibéralisme, et se retrouve notamment chez Walter Lippmann dans sa controverse avec John Dewey, chez certains libéraux français comme Louis Marlio et Jacques Rueff, mais aussi chez les économistes de l’école de Chicago bien représentés sur ce point par Milton Friedman. Ce n’est alors pas tant le caractère avilissant de la démocratie qui se trouve dénoncé que son incapacité à répondre de manière efficace à des défis qu’il s’agit de ravaler au rang de simples problèmes techniques. En réponse à cette inefficience, ces néolibéraux favorables à la technocratie proposent de corriger la démocratie en lui administrant une dose d’élitisme qui n’est pas, comme chez les ordolibéraux, d’ordre moral, mais scientifique. A l’aristocratie envisagée par les ordolibéraux succède ici une « expertocratie » dont les Chicago Boys sont la figure la plus connue. Cependant, de même que la vertu des élites avait, chez les ordolibéraux, vocation à entretenir la morale de tous les citoyens, les néoclassiques ne désespèrent pas que la rationalité des décisions éclairées par le savoir des experts finisse par informer le comportement des individus en société. Les études foucaldiennes ont bien montré comment l’économie néoclassique définissait une gouvernementalité visant à orienter le comportement des individus vers davantage de rationalité. Dans le sillage de la pensée de Jeremy Bentham – dont Milton Friedman se réclame parfois – et dans une veine manifestement utilitariste – qu’il ne dissimule pas –, les néoclassiques s’emploient à faire que les individus agissent conformément à une norme et deviennent, selon la formule consacrée, des « entrepreneurs d’eux-mêmes ». L’ambition sous-jacente ici est de faire en sorte que les individus, devenant le plus utiles à eux-mêmes, soient en même temps le plus utiles à la société. Cette critique de la démocratie trahit ainsi une version très singulière du néolibéralisme qui, chevillée à une épistémologie résolument positiviste, entend réduire le politique à une simple technique consistant à optimiser scientifiquement les flux et les comportements économiques.

20Un troisième discours néolibéral sur la démocratie, que l’on suggère de qualifier de pluraliste, repose sur la dénonciation d’un risque – celui d’une asphyxie des minorités – qui conduit à circonscrire le domaine d’application de la règle majoritaire. Cette critique, notamment adressée par l’école autrichienne, doit être distinguée des deux précédentes. Reposant sur une épistémologie moins optimiste que celle qui anime les économistes néoclassiques, elle ne croit pas tout d’abord en la possibilité de régler scientifiquement les problèmes politiques, et n’envisage nullement de remettre le pouvoir à une poignée de technocrates. Ensuite, cette critique ne suppose pas, à l’instar des ordolibéraux, l’existence d’une morale commune, dont elle confierait à ceux qui la cultivent le mieux la charge de la faire éclore parmi les autres, mais déplore au contraire que la démocratie, en conduisant au conformisme, n’entretienne pas assez le pluralisme des opinions et des valeurs – une crainte partagée par tous les penseurs néo-tocquevilliens. C’est la thèse, notamment défendue par Friedrich Hayek, qui regrette que l’action majoritaire, nécessairement « cantonnée dans ce qui a déjà été tenté et vérifié », ne pouvant se mouvoir qu’à « l’intérieur du cadre établi des opinions », mène finalement à une « société stagnante » ne sachant pas tirer profit des bienfaits que les minorités innovantes sont susceptibles de lui apporter (Hayek, 1960, p. 32, 101 et 33). Conçue comme une « ouverture aux inventeurs inconnus », la liberté est selon lui toujours mieux employée par les minorités dissidentes que par la majorité : pour être acceptable, la démocratie doit ainsi savoir suspendre son pouvoir et laisser se développer, à l’abri de son emprise, les opinions non-conformistes. Elle trouverait alors ses conditions de félicité en dehors d’elle-même : « L’idéal de la démocratie se fonde sur la confiance dans l’émergence de vues directrices, par un processus indépendant et spontané. Cela exige donc l’existence d’une large sphère où les opinions des gens se forment, à l’abri de l’influence de la majorité » (Hayek, 1960, p. 107). Ce qui caractérise ici l’élite qu’il s’agit de faire émerger pour prévenir les méfaits de la démocratie, ce n’est pas qu’elle serait plus vertueuse ou plus savante, mais seulement qu’elle exprimerait des idées divergentes, opposées à ce que pense la majorité d’aujourd’hui, mais susceptibles d’inspirer celle de demain. C’est pourquoi il est nécessaire, explique encore Hayek, que « des hommes porteurs d’idées divergentes ou de goûts différents, aient la faculté de soutenir par leurs moyens et leurs énergies des idéaux que la majorité ne partage pas encore. » (Hayek, 1960, p. 124).

21Si aucun des penseurs néolibéraux n’envisage ainsi de laisser simplement la démocratie livrée à elle-même, ceux qui en acceptent une forme plus ou moins limitée lui opposent des freins élitaires de nature bien différente, puisque la charge de contrebalancer le pouvoir de la majorité est tour à tour confiée aux plus vertueux, aux plus savants et aux plus dissidents. Rien n’interdit d’ailleurs que les trois soient mobilisés de conserve, comme le fait par exemple Raymond Aron au sortir de la Seconde Guerre mondiale : « Une élite unifiée signifie la fin de la liberté. Mais quand les groupes de l’élite ne sont pas seulement distincts mais désunis, cela entraine la fin de l’État. La liberté ne survit que dans ces régions intermédiaires, continuellement menacées, où existe l’unité morale de l’élite, où les hommes et les groupes préservent le secret de la sagesse simple et éternelle et ont appris comment concilier l’autonomie et la coopération » (Aron, 1949, p. 500).

Présentation des contributions

22En ouverture de ce dossier, Sébastien Caré propose une typologie des principales variantes de la pensée néolibérale construite autour de deux critères. Le premier, politique, dispose sur un continuum les partisans d’un interventionnisme étatique et les penseurs qui restent plus fidèles aux principes du laissez-faire. Le second, d’ordre épistémologique et plus rarement considéré, distingue les tendances positivistes des pensées plus réticentes à l’importation dans le domaine économique des méthodes employées par les sciences naturelles. En croisant ces deux variables, on obtient quatre positions possibles, typiquement représentées par quatre écoles de pensée obéissant à des logiques nationales : l’école de Fribourg des ordolibéraux (Wilhelm Röpke, Alexander Rüstow), interventionniste et antipositiviste ; l’école de Chicago des économistes néoclassiques (Milton Friedman, Gary Becker), non interventionniste et positiviste ; l’école de Vienne des « Autrichiens » (Ludwig von Mises, Friedrich Hayek, Murray Rothbard) anti-interventionniste et antipositiviste ; l’école de Paris des libéraux français (Louis Rougier, Jacques Rueff, Maurice Allais) interventionniste et positiviste. A la lueur de cette typologie, l’auteur s’efforce ensuite de repérer les nombreux glissements de sens qui se sont opérés dans l’histoire du néolibéralisme, à travers l’examen de trois grandes périodes. La première (1930-1960) voit le sens du mot d’abord se stabiliser pour désigner le projet des écoles allemande et française, puis s’élargir pour fédérer les quatre chapelles évoquées précédemment. Une deuxième période (1960-2010) est dans un premier temps marquée par la disparition relative du terme et la radicalisation du mouvement, puis dans un second temps par sa réapparition dans un sens inédit et polémique, resserré autour des seules versions américaine et autrichienne. Une troisième période paraît s’ouvrir à la fin des années 2000 avec la crise économique et financière qui divise les néolibéraux et rend encore plus problématique l’emploi du terme « néolibéral ».

23Serge Audier opère ensuite un retour salutaire aux années 1930, période durant laquelle le néolibéralisme fait son apparition dans un contexte où la critique de la démocratie constitue la toile de fond des débats politiques : elle est en effet considérée par beaucoup comme un régime inadapté aux temps nouveaux, en somme comme un régime condamné par l’Histoire. Ce retour aux origines du néolibéralisme permet d’examiner en détail trois conceptions différentes de cette notion qui s’accompagnent d’autant de manières d’apprécier la démocratie. Walter Lippmann tout d’abord, célèbre columnist américain autour duquel sera organisé le colloque éponyme si important pour la suite de l’histoire du néolibéralisme, propose d’opérer une « révision du libéralisme » qui s’articule avec une reconstruction de la démocratie autour de la common law. Louis Rougier ensuite, philosophe logicien atypique et méconnu à l’origine du colloque de 1938, défend de son côté un « libéralisme constructeur » s’appuyant sur une démocratie libérale dont il réévalue, au regard des expériences totalitaires, les vertus protectrices, après l’avoir sévèrement critiquée dans les années 1920. Louis Marlio enfin, figure importante de cette histoire bien qu’aujourd’hui presque oubliée, se fait quant à lui le promoteur d’un « libéralisme social » qui repose sur une compréhension de la démocratie comme régime devant impérativement répondre aux nouvelles exigences égalitaires. Ce détour bienvenu par les années 1930 conduit ainsi à souligner à la fois la diversité des conceptions du néolibéralisme naissant et celle des théories de la démocratie qui lui sont liées.

24Gwendal Châton se livre à une relecture croisée des œuvres de deux penseurs majeurs du néolibéralisme, Raymond Aron et Friedrich Hayek, en prenant pour fil conducteur les critiques formulées par le premier tout au long du déploiement de l’œuvre du second. Il montre ainsi que, sur une période qui court des années 1940 au début des années 1980, l’opposition de ces deux pensées se cristallise autour de trois questions. La première divergence est relative à la place devant être laissée aux libertés économiques : elles sont clairement considérées comme fondatrices par Hayek, alors qu’elles n’apparaissent que secondaires pour Aron qui insiste davantage sur les libertés personnelles et politiques. La deuxième divergence tient à la définition même du concept de liberté : alors que Hayek privilégie une définition strictement négative, Aron défend une compréhension plurielle d’un concept qu’il considère comme foncièrement équivoque. La troisième divergence, qui est le point d’aboutissement des deux précédentes, correspond à des conceptions différenciées de la démocratie : si elle doit être rigoureusement limitée pour Hayek, qui préfère à la démocratie politique la « démocratie économique » chère à Ludwig von Mises, elle doit être pleinement acceptée pour Aron en tant qu’elle concilie harmonieusement l’exigence libérale et la revendication égalitaire. Ce parcours, qui montre que le néolibéralisme ne se résume pas uniquement à la reconduction de la vieille méfiance libérale vis-à-vis de la démocratie, peut ainsi permettre de sortir d’une vision parfois caricaturale de cette doctrine.

25Jean Solchany s’intéresse ensuite, avec beaucoup de minutie, au rapport ambigu, mais souvent hostile, entretenu par les penseurs néolibéraux à l’endroit de la démocratie. Débutant son enquête à l’orée des années 1930, il repère d’abord, notamment chez les ordolibéraux allemands, et plus particulièrement chez Walter Eucken et Alexander Rüstow, une hantise des masses et une forme de psychose antiparlementaire. Poursuivant son enquête dans la période de l’après-guerre, l’auteur isole ensuite de manière pertinente, dans les œuvres de Wilhelm Röpke et Friedrich Hayek, les vestiges de cette méfiance originelle, en soulignant leur tentative de limiter, jusqu’à les vider de leur substance, les principes démocratiques. A la lumière de ces considérations préalables, l’auteur est alors en mesure d’éclairer l’attitude indulgente de certains néolibéraux (James Buchanan, Milton Friedman, Wolfgang Frickhöffer, Friedrich Hayek, Reed Irvine, Erik von der Kuehnelt-Leddihn, Christian Watrin) à l’égard des régimes autoritaires, et plus particulièrement du Chili de Pinochet. L’article s’achève sur l’évocation de certaines manifestations contemporaines de cette défiance néolibérale vis-à-vis de la démocratie, notamment à travers une présentation des thèses particulièrement radicales de Gerhard Schwarz, Hans-Hermann Hoppe et Murray Rothbard.

26Gilles Campagnolo porte un regard d’une indéniable originalité sur le destin des idées de Friedrich Hayek dans un contexte national très spécifique. A travers l’étude de la réception de ses idées au Japon, à ce jour le seul pays où l’on dispose d’une traduction intégrale de ses œuvres complètes, il insiste sur les conditions qui ont pu favoriser une appropriation nippone de la pensée de l’économiste viennois. Mais il montre également que celle-ci était loin d’aller de soi en raison d’obstacles de taille, parmi lesquels l’attachement au dirigisme institutionnaliste des élites du parti qui domine la vie politique japonaise depuis un demi-siècle et la prégnance d’une conception qui soumet l’individu au poids des traditions et au primat de la communauté. En dépit de ces barrières, les idées de Hayek ont néanmoins produit des effets très réels sur les politiques publiques : il a bien existé un « moment hayékien » japonais, d’ailleurs plutôt tardif puisqu’il correspond aux trois gouvernements dirigés par Jun’ichirô Koizumi entre 2001 et 2006. Cette période fut notamment marquée par un vaste mouvement de privatisation et de dérégulation conduit par un ministre des finances venu du monde académique et fin connaisseur de l’œuvre de Hayek : Heizo Takenaka. En insistant sur le paradoxe apparent que constitue l’importation d’une pensée dont certains fondements sont radicalement étrangers à la culture nippone, le moindre n’étant pas l’individualisme méthodologique propre à l’école autrichienne, cet article fournit une contribution stimulante à l’étude des logiques de circulation transnationale, des dynamiques d’appropriation locale et des phénomènes d’hybridation qui apparaissent caractéristiques de la diffusion planétaire des idées néolibérales.

27En conclusion de ce dossier, Daniel Mansuy Huerta examine le cas emblématique du Chili. Il éclaire la connaissance de ce cas éminent d’application de politiques néolibérales en contexte autoritaire par l’étude de la pensée de Jaime Guzmán, présenté comme l’« architecte de l’ombre » de la dictature du Général Pinochet. Après avoir restitué l’itinéraire atypique de ce jeune étudiant catholique, anticommuniste et traditionaliste âgé de seulement 27 ans lors du coup d’État de 1973, l’auteur étudie le concept, forgé par Guzmán, de « démocratie protégée » : il s’agit en vérité d’une bien étrange « démocratie » qui, tout en proclamant une adhésion à la logique du suffrage universel, s’attache à en limiter les effets pour prévenir durablement toute accession du marxisme au pouvoir. Daniel Mansuy Huerta analyse ensuite avec beaucoup de clarté l’interprétation libérale que fait Guzmán du principe catholique de subsidiarité en insistant sur son versant négatif – qui défend le pouvoir des groupes intermédiaires contre l’ingérence de l’État – et en occultant délibérément son versant plus positif – qui invite l’État à suppléer aux insuffisances du marché. L’article se clôt sur un examen critique de la cohérence interne d’une telle synthèse libérale-conservatrice : si d’un point de vue strictement politique, elle peut être considérée comme une « réussite » – en faisant converger libéralisme et conservatisme, elle a permis d’associer les Chicago Boys et les militaires catholiques –, elle présente d’indéniables faiblesses intellectuelles qui expliquent qu’elle apparaisse aujourd’hui comme une doctrine à la fois illégitime et surannée.

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