L’expression « subsidiarité » apparaît ces dernières années dans la littérature managériale pour conseiller des voies organisationnelles innovantes. La reprise d’un concept élaboré pour rendre compte initialement de communautés politiques, pose problème. Ce travail vise à mettre en lumière la difficulté principale du passage du champ politique au champ managérial. En effet, la subsidiarité rend au niveau inférieur un pouvoir qui lui revient de droit. Or, l’approche économique de théorie des organisations, notamment à travers la théorie de l’agence, présuppose une constitution descendante de l’entreprise : ce n’est donc pas l’échelon inférieur qui attribue un pouvoir au supérieur, mais l’inverse. À moins de remettre en cause les présupposés de l’approche économique de la théorie des organisations, le principe de subsidiarité ne semble donc pas être applicable à l’entreprise. Dès lors, le principe de subsidiarité pourrait être agité comme un leurre pour faire croire au salarié qu’il est le détenteur légitime d’un pouvoir, afin d’arraisonner ce qu’il a de plus intérieur pour domestiquer sa liberté à des fins managériales.