L’œuvre smithienne doit être lue comme un système reposant sur des principes épistémiques clairement identifiés unifiant les différents champs exploratoires : la morale, le droit et l’économie. Ces principes renvoient à la vision du monde d’Adam Smith, dans laquelle le Créateur a conçu les éléments du système, et particulièrement les hommes, de telle sorte qu’ils remplissent naturellement ses objectifs. Cette conception téléologique s’applique à l’histoire et à sa philosophie, dans des termes qui trouveront écho chez Kant et Hegel. L’articulation de l’histoire et de l’économie permet de définir un cours idéal du développement économique, mais aussi de comprendre la formation de cycles historiques qui marquent la lente et progressive marche vers le Progrès. Les tensions entre un cours idéal et un cours réel de l’histoire invitent alors à réinterpréter ses positions sur l’Etat et sa place dans la société marchande.