From Utilitarianism to Paternalism: When Behavioral Economics meets Moral Philosophy

La plupart des économistes comportementaux considèrent que leurs résultats expérimentaux ont des implications normatives de nature paternalistes. Ces derniers tendent en effet à défendre l’idée que les résultats de l’économie comportementale impliquent logiquement l’extension du champ d’intervention de l’État dans le fonctionnement de l’économie de marché. Cet article montre que cette conclusion dépend d’un raisonnement normatif implicite difficilement défendable en raison de l’adhésion de l’économie comportementale à l’économie du bien-être standard. On propose une reconstruction de la défense du paternalisme par les économistes comportementaux en termes de fonction de bien-être social comportementale à maximiser et tenant compte du fait que les individus font des choix incohérents. Cependant, cette défense nécessite une théorie des préférences rationnelles dont l’économie comportementale est dépourvue. Il est de plus montré que la défense du paternalisme dans un cadre welfariste amène à ignorer la dimension de la personne en tant qu’agent. D’autres défenses du paternalisme sont envisageables mais elles impliquent en toute probabilité l’abandon par l’économie comportementale normative du welfarisme.