Dans l’œuvre d’Adam Smith il y a une tension entre une appréciation positive des capacités intellectuelles et morales du sauvage et la caractérisation de la première étape de l’histoire humaine comme un état de besoin et d’isolement qui est la cause de l’incapacité de la société primitive d’évoluer vers les étapes suivantes. J’illustre comment le post-scepticisme de Smith le met en mesure de mieux comprendre les sauvages que la plupart de ses contemporains et j’essaie de dessiner une reconstruction de sa vision du sauvage sur la base de sa psychologie et théorie de la connaissance. J’explore les tensions qu’il découvre dans la société civilisée où les vertus de la maitrise de soi sont affaiblies et celles de l’humanité sont cultivées parmi des groupes différents de ceux au pouvoir, parmi lesquels, au contraire, la recherche insensée de la richesse et du pouvoir domine. Enfin, je discute la tension entre la vision smithienne du sauvage comme proto-philosophe et sa vue alternative du sauvage comme proto-marchand.