La justice linguistique comme justice coopérative

Entendue comme une question de justice coopérative, la question de la justice linguistique porte sur la manière dont les coûts d’apprentissage d’une langue commune doivent être répartis entre les différentes communautés linguistiques bénéficiant des possibilités de communication résultant de l’existence d’une telle langue. L’article aborde cette question, en commençant par examiner trois critères suggérés par la littérature — économique, sociolinguistique et philosophique, respectivement — et ayant chacun, au moins à première vue, une certaine plausibilité. Après avoir formulé des objections jugées décisives pour chacun de ces trois critères dans le cadre d’un exemple très simple n’impliquant que deux communautés linguistiques, il en suggère deux autres, indistinguables dans ce cadre, qui sont ensuite généralisés au cas d’un nombre quelconque de communautés linguistiques. Dans ce cadre plus large, l’un des deux critères s’avère manifestement intenable, tandis que l’autre nous paraît bien résister au défi des implications potentiellement contre-intuitives, du moins si l’on fait bien la distinction entre justice coopérative et justice distributive.

Les sources du moi. La formation de l’identité moderne, Charles Taylor

Partant de l’exposé de la démarche herméneutique sous-jacente à l’œuvre de Charles Taylor, nous nous proposons de suivre le fil de son argumentation dans Les sources du moi. L’article présent tend à montrer en quoi la lecture de cet ouvrage est essentielle à l’économiste. Elle peut en effet l’amener à questionner, voire limiter, la portée des outils d’investigation qu’il utilise traditionnellement dès lors qu’il s’intéresse aux problèmes de justice sociale.