Migration qualifiée, développement et égalité des chances. Une critique de la taxe Bhagwati

Au regard du vieux débat sur la « fuite des cerveaux », le devoir de promouvoir le développement des pays pauvres semblait incompatible avec le droit humain à l’émigration. A l’encontre de cette idée, Jagdish Bhagwati a proposé dans les années 70 une mesure qui permettait au personnel qualifié de quitter les pays pauvres, tout en taxant leur revenu au bénéfice de leurs pays d’origine. Cet article discute (et rejette) trois justifications possibles de la taxe Bhagwati. Il conclut qu’une telle mesure ne peut être défendue ni comme une compensation pour ce que le pays aurait gagné si les diplômés n’avaient pas émigré, ni comme une obligation de réciprocité basée sur l’investissement dans l’éducation, ni comme une mesure de diminution de l’inégalité entre les opportunités des migrants et de ceux qui restent au pays. Si la mobilité géographique va de pair avec la mobilité sociale, taxer les migrants revient à taxer la mobilité sociale, plutôt que les hauts revenus eux-mêmes.