La science économique a toujours été réticente à l’égard du concept de pouvoir, qui ne saurait être opérationnalisé dans les modèles microéconomiques et qui justifierait des rationalisations ex post. Pourtant, le pouvoir est un vecteur d’institutionnalisation sociale que les économistes se doivent d’intégrer pour faire de la firme un objet de recherche de l’économie politique et réaliser de nouveaux progrès explicatifs. Partant, l’article ambitionne de proposer une analyse méthodologique renouvelée du pouvoir, lequel implique une structure collective tout en reposant sur des individus acteurs. Fort de cette clarification conceptuelle, un essai de définition du pouvoir dans la firme est proposé : le pouvoir est la capacité latente (qui sera ou non exercée) d’une entité A à contraindre et à dessiner les choix d’une entité B de telle sorte que le comportement et les actions de B soient orientés dans un sens favorable à A, et ce par des mécanismes intrinsèques à la relation socioéconomique qui peuvent être formels ou informels. Une telle définition du pouvoir permet de reconsidérer l’agir transformatif dans la firme et de lier le pouvoir aux dispositifs relationnels des organisations du capitalisme.