Cet article revient en détail sur la critique du libéralisme de Friedrich Hayek délivrée par Raymond Aron, sur une période qui court des années 1940 au début des années 1980. A partir d’une relecture croisée des principaux textes de ces deux philosophes du second xxe siècle, il cherche à montrer que leurs oppositions – sur la place laissée aux libertés économiques, sur la définition même du concept de liberté et sur la manière d’envisager la démocratie – révèlent l’existence de deux voies profondément divergentes au sein du néolibéralisme contemporain : l’une qui se fonde sur un attachement primordial au marché et qui s’accompagne d’une méfiance prononcée à l’égard du régime démocratique ; l’autre qui se construit à l’inverse sur la base d’une confiance en la démocratie, conçue comme point d’aboutissement du libéralisme, et qui conduit à ne pas absolutiser le marché. Un réexamen de cette opposition peut ainsi permettre de sortir d’une vision étriquée et caricaturale du néolibéralisme, qui le réduit abusivement à une fermeture de l’espace des possibles politiques.
Étiquette : Démocratie
« Néolibéralisme » et démocratie dans les années 1930 : Louis Rougier et Louis Marlio
Le « néolibéralisme » français est né dans les années 1930, plus précisément lors du Colloque Walter Lippmann de 1938 organisé par le philosophe Louis Rougier, dans le contexte de l’imminence de la guerre. L’objectif de cet article est de comprendre comment, face à la menace totalitaire, la pensée néolibérale française de cette période a conçu la démocratie. On comparera pour ce faire les conceptions de deux fondateurs de ce courant : celle de Rougier, qui préférait parler de « libéralisme constructeur », et celle de Louis Marlio, qui parlait de « libéralisme social ». Ces deux expressions sont-elles équivalentes et sont-elles sous-tendues par une même conception de la démocratie ?
Institutionnalisme économique versus management scientifique autour des Labor Problems : quels fondements à la démocratie dans l’entreprise ?
Le début du XXe siècle a été marqué par des débats vifs entre économistes institutionnalistes du travail et promoteurs du management scientifique naissant sur la manière d’atténuer ce que plusieurs auteurs appelaient à l’époque les labor problems. L’objectif de cet article est de questionner le sens de ces débats et de s’interroger sur les sources de divergences des … Continuer la lecture de Institutionnalisme économique versus management scientifique autour des Labor Problems : quels fondements à la démocratie dans l’entreprise ?