Les débats entre libéraux sur la justice sociale ont beaucoup alimenté la réflexion contemporaine sur le revenu de base (ou allocation universelle). Cette notion est présentée ici comme relevant de « l’économie de l’égalitarisme libéral », dont le point d’ancrage se situe dans l’œuvre philosophique de Rawls. Celui-ci n’est certes pas partisan de l’allocation universelle, mais sa pensée offre néanmoins un cadre général adéquat pour l’étudier, en particulier par la hiérarchie des principes de justice qu’il défend (1). Au troisième niveau de cette hiérarchie, l’interprétation à donner au « principe de différence » a suscité la controverse des « surfeurs de Malibu », par laquelle Van Parijs a pu défendre le caractère inconditionnel de l’allocation universelle (2). Reste alors à passer de la philosophie à l’économie du revenu de base, en montrant comment ce dernier peut être considéré comme une variante précise d’impôt négatif sur le revenu. A ce stade, une relecture de l’intuition de Friedman sur la question aboutit à considérer l’allocation universelle comme un « crédit d’impôt universel » (3). En conclusion, pour les démocraties libérales et dans le cas de la France, sont esquissées quelques observations prospectives sur une éventuelle application d’une telle conception du revenu de base (4).