Une nouvelle approche de l’idéologie en économie

Cette contribution a pour objet de faire état d’une conception nouvelle de l’idéologie qui se démarque de l’approche sociologique, notamment celle de Marx. Cette dernière, comme on le sait, est soumise à certaines limites dont la principale est d’ordre logique, connue sous le nom de « paradoxe de Mannheim ». A cette approche, il lui est opposé une autre conception relevant d’une spécification cognitive de la connaissance, consistant à distinguer des principaux cadres de la pensée savante : les cadres scientifique, philosophique et idéologique. Ces stratégies cognitives de connaissance sont dénommées formes de pensée pures. Deux traits principaux caractérisent la forme de pensée idéologique : le premier octroie le rôle premier à la croyance vraie sur sa justification ; le second est l’explicitation du présupposé ontologique, articulant l’homme et la société. Cette nouvelle approche de l’idéologie permet non seulement de se défaire du paradoxe de Mannheim, mais aussi d’avoir une réelle portée opératoire qui peut être saisie travers de nombreux champs d’applications.

L’hystérésis du taux de chômage : une analyse épistémologique

Depuis le début des années 1980, l’hypothèse d’hystérésis du taux de chômage a rencontré un grand succès. Ce que signifie cette hypothèse n’est pourtant pas très clair. Après avoir distingué hystérésis et persistance, nous proposons une interprétation de l’utilisation de ce terme physicien en économie. Ce projet exige, d’une part, de renoncer à l’interdiction poppérienne de s’intéresser au contexte de la découverte d’un point de vue épistémologique ; il implique, d’autre part, de s’intéresser aux a priori du discours économique. Dans cette perspective, l’importation du terme hystérésis est associée à la reconnaissance par l’économie standard d’un présupposé longtemps demeuré caractéristique de la pensée hétérodoxe : la dépendance à l’histoire de l’équilibre.