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L’agent économique et ses représentations

L’homme purement économique est à vrai dire un demeuré social. La théorie économique s’est beaucoup occupée de cet idiot rationnel, drapé dans la gloire du classement de ses préférences, et multifonctionnel. Afin de prendre en compte les différents concepts relatifs à son comportement, nous avons besoin d’une structure plus complexe.

Amartya Sen (1995, 107)1

Le 3 e Colloque international Philosophie économique2 a été organisé les 15 et 16 juin 2016 à Aix-en-Provence par le Greqam/Amse3. Il a réuni des conférenciers venus de vingt-quatre pays, avec pour orateurs pléniers Cristina Bicchieri, John Davis et Daniel Hausman4 autour du thème de « l’agent économique et ses représentations ». Nous avons rassemblé dans le présent numéro spécial une sélection de textes présentés et discutés à cette occasion5.

La manière dont on peut représenter « l’agent économique » importe à la fois du point de vue de la philosophie économique qui l’interroge, de la théorie économique qui l’utilise, et des travaux empiriques qui s’appuient sur les modèles qu’elle propose et, parfois, impose. Elle importe encore afin de comprendre la façon dont les institutions émergent, dont les sociétés s’organisent et dont divers mécanismes contribuent au « bien-être général » – que ceux-ci apparaissent spontanément ou qu’ils soient le résultat d’une création volontaire et pragmatique. Elle importe enfin également pour envisager (et possiblement) corriger des situations dans lesquelles les marchés sont incomplets ou n’existent tout simplement pas.

La question de l’agence (ou de l’« agentivité »)6 se pose en économie d’une manière dont la spécificité mérite discussion – prolongeant ainsi les travaux sur cette question7. Malgré la diversité des termes rencontrés, en anglais comme en français (le colloque s’étant tenu dans les deux langues), pour désigner cet élément-clé des analyses proposées par les diverses sciences sociales, il semble que les économistes lui prêtent un intérêt qui ne se retrouve pas autant dans les autres disciplines. Si l’on peut trouver des mentions de l’« agent » dans les travaux de psychologie ou de philosophie (« psychological agent », « philosophical agent »), il semble que de nos jours le terme « acteur » lui soit largement préféré. Les expressions « ethical agent » et, en français, « agent moral » sont plus fréquentes, mais leur présence dans les différentes littératures académiques semble sans commune mesure avec l’importance prise par l’« agent économique ». Cela conduit à se demander si, lorsqu’on parle d’« agent » dans les sciences sociales, on ne désigne pas bien souvent et de façon implicite l’« agent économique » (en une expression qui serait donc indécomposable), et repose, pour les économistes comme pour ceux qui interrogent leur pratique et leurs présupposés, la question de savoir ce que cet agent représente et comment il est représenté.

Pour en venir à la notion de représentation, son concept implique avant tout celui de fidélité, celle qu’on attend du représenté par rapport à ce dont il tient lieu, ou ce dont il manifeste les caractéristiques, les spécificités ou les choix – ainsi du représentant à l’égard de ses mandants dans une acception politique du terme, quoiqu’il soit plutôt question avant tout d’une notion épistémologique. Le choix se porte sur la meilleure option disponible sous réserve des contraintes qui s’exercent sur celui/celle qui l’émet. Dans sa conférence plénière, comme dans nombre de textes, Daniel Hausman rappela ce point, que Sen soulignait également : le choix d’un agent peut être motivé par quelque chose d’autre que ses préférences entendues au sens psychologique du terme ; prendre « choix » et « préférence » comme synonymes revient (à tort) à croire réglée une question qui constitue au contraire la clef de la discussion de ce que fait l’agent économique dès lors qu’il agit.

Si l’on doit en effet s’en remettre à des représentations, c’est qu’elles sont censées fournir, sous des modalités qu’il doit être possible de contrôler, des traits de l’entité même qu’on souhaite étudier, qu’elle soit elle-même simple ou composite.

Ainsi, en représentant et en modélisant la « société » entendue comme ensemble dont les traits doivent pouvoir être dissociés pour saisir les motivations intentionnelles des agents, l’analyse économique repose pour cette raison sur des outils de représentation permettant de préciser et d’approfondir la compréhension du monde économique : la façon dont l’agent économique est représenté prend alors un rôle crucial et un sens déterminant. La multiplicité des manières possibles de représenter l’agent économique est connue : il y a l’agent « maximisateur », éventuellement conçu par opposition avec l’agent dont la rationalité est limitée ou « située », l’agent « standard » encore dit, précisément, « représentatif », possiblement en contraste avec celui de la modélisation « multi-agents », et bien d’autres encore. Pour s’en tenir à l’agent maximisateur, notons que, dans la perspective indiquée plus haut, représenter l’agent économique comme un « maximisateur » d’utilité, ou plus généralement de quelque « fonction objective » donnée implique l’idée de choix d’un « meilleur » qui n’est pas défini autrement que tautologiquement : la fonction de cet « agent » est précisément d’agir en ce sens. Son concept s’y réduit et, en cela, il est opérationnel. Mais s’il choisit une option différente de la préférence, quelque autre qu’elle soit (ce que Hausman rappelait), la question de ce que signifie « meilleur » se pose dans un contexte donné. Dans une telle situation, la représentation que l’on en prend entre à son tour en compte, et donc elle compte également pour l’analyse du choix qui est fait (au niveau de l’agent) comme du bien-être qui en résulte (pour le groupe au sein duquel ce choix s’opère). Ces diverses représentations peuvent parfois être complémentaires et elles ne sont pas nécessairement toujours (partiellement ou totalement) incompatibles. Les différentes représentations prises de l’agent économique par lui-même, par ses observateurs (autrui, d’une part, les scientifiques, d’autre part) conduisent à différentes représentations du (des) marché(s), des institutions et des sphères non marchandes (sphères d’interaction, sphères de justice, sphères de pouvoir) dans lesquels l’agent est engagé.

Il n’est pas question que la philosophie économique comme domaine de recherche se limite à l’exploration d’une seule perspective, fût-elle largement partagée. Elle tire en effet sa richesse et une grande partie de son intérêt de la confrontation de multiples perspectives – et de l’interrogation des tensions qui en résultent parfois. Le présent volume donne quelques exemples de cette ouverture. On aurait toutefois tort d’en déduire que la philosophie économique est ouverte à tous les vents. L’interdisciplinarité constitutive de la philosophie économique et son intérêt pour les perspectives multiples ne doit pas conduire à l’idée que tout ce qui se trouve à son voisinage en fait, en quelque façon, déjà partie. En effet, l’intrication des questions relevant des sciences humaines et sociales, d’une part, et la pluralité des approches disciplinaires centrées sur l’homme (anthropologie, psychologie, sociologie, économie, entre autres domaines ayant leurs propres caractéristiques et méthodes), d’autre part, ne doivent pas faire perdre sa spécificité à l’idée même de philosophie économique. Omnis determinatio est negatio, selon la formule consacrée : il s’agit donc plutôt de constater des divergences, manifester des contrastes, opposer des notions. L’ouverture de la philosophie économique doit être de mise, mais pas au risque de s’auto-dissoudre. L’unité de ce champ disciplinaire tient donc à la fois à son ouverture et à la conscience qu’elle prend de sa position particulière : elle porte son interrogation sur le geste même des sciences économiques dans toute leur extension.

C’est à titre de conséquence que, de ce point de vue, la philosophie économique est et doit donc être pluraliste, aussi bien en termes de théories, de méthodes, de traditions mobilisées que de thématiques abordées (lesquelles sont d’ailleurs le plus souvent liées). Elle peut aussi bien mobiliser les outils variés issus de la philosophie analytique que ceux forgés par la tradition phénoménologique ou dans la philosophie politique d’Aristote – dès lors, cela va de soi, que cette utilisation prend un sens économique. Cette pluralité a pour conséquence non seulement un spectre synchronique de positions en débat, mais nécessairement également une profondeur diachronique qui impose de positionner la philosophie économique au regard de l’histoire de la pensée économique. Parce qu’elle se donne la théorie économique (les théories économiques plutôt) comme objet, la philosophie économique connaît d’emblée la même extension que le champ disciplinaire entier de l’économie8. La philosophie économique se loge ainsi au cœur des théories économiques, sans pour autant s’identifier à elles. Or au cœur des théories économiques, il y a l’agent économique.

À la différence de la personne douée d’une certaine faculté de perception et de compréhension, l’agent n’est pas doué d’« esprit critique », il se caractérise par une « action » en ce qu’elle résulte elle-même d’un certain nombre de propriétés (touchant notamment à sa rationalité) qui la déterminent et, par conséquent, entraînent ou, selon que la théorie économique sera déterministe ou non, inclinent seulement sa décision. La théorie de la décision constitue donc évidemment une des facettes de l’approche de l’agent économique.

Présupposés et implications philosophiques de l’usage qui est fait d’un agent dit « représentatif » dans certains modèles économiques qui le représentent à leur tour à leur propre manière constituent autant d’occasions de questions qui doivent être posées, faute de quoi l’incertitude dans laquelle elles laissent l’agent ne peut qu’obérer les résultats de l’analyse ; parmi ces questions, de nombreuses furent traitées lors du colloque et un petit nombre trouve sa place dans le présent volume comme dans les autres revues qui leur ont offert des débouchés9. Les articles de ce numéro spécial illustrent chacun une dimension de notre problématique à travers une question particulière.

L’article de Yaël Dosquet place d’emblée l’agent devant ce symbole de toutes les puissances qui dominent sa position de producteur, d’échangiste, de consommateur, bref la dimension économique de sa vie, à savoir la valeur, le souverain (ou le « peuple »), tels que les représente la monnaie et qui sont autant de totalités bien lourdes pour leur faire face. Ce symbole monétaire est un symbole-clef et il a pourtant été écarté de l’analyse par certains courants économiques fondateurs qui souhaitaient s’en tenir à l’économie « réelle » – que l’on songe au « voile monétaire » chez les économistes classiques. La méthode de l’auteur consiste ici à interroger la fonction que prend dans la réalité effective ce processus de symbolisation à travers lequel l’agent est confronté aux puissances susmentionnées. Au sens le plus strict, la fonction symbolique de la monnaie est de quantifier. Et la tendance à universaliser la quantité est moderne. L’auteur voit déjà là matière à nombre de questions pour une philosophie qu’il aborde au travers d’une problématisation « à la Foucault » des fonctions symboliques (en termes de pouvoir-savoir). L’économie étudie les agents dans leur comportement calculateur et l’auteur entend articuler la valeur (intensive) à sa manifestation (extensive). Il évoque, dans la théorie ainsi qu’au niveau épistémologique, les questions de l’objectivation de la valeur, de la vérité des jugements de valeurs pour tenter de les conjoindre : ce sont les représentations que se fait l’agent en même temps que celle qu’on donne de lui qui sont mises en jeu.

L’article de Muriel Gilardone met certes en avant un auteur, mais à travers lui c’est toujours la conception de l’agent humain en son entier qui est mise en scène ; l’article s’intitule « Amartya Sen : un allié pour l’économie de la personne contre la métrique des capabilités » avec pour sous-titre : « Deux arguments pour une lecture non fonctionnelle de la liberté chez Sen ». Remarquons qu’il en va donc d’une certaine lecture de Sen, qui n’est pas nécessairement ici celle qui lui est le plus souvent prêtée, mais la grille interprétative qui fait servir le concept de capabilité à fournir une simple « métrique » du développement humain constituait, argumente l’auteure, une vision réductrice de la proposition intellectuelle de Sen. Gilardone la débusque et développe son argumentation sous deux formes, en reprenant l’hypothèse standard et originelle de la capabilité comme ensemble de vecteurs de fonctionnements accessibles, d’une part, et en examinant l’hypothèse de la capabilité comme « pouvoir effectif d’agir » au sens des résultats que l’on valorise, d’autre part. Si la théorie de la justice (en termes de droits à certaines capabilités) n’est une conséquence ni évidente ni nécessaire de la théorie de Sen, alors son intérêt pour considérer la « personne de l’agent » peut reparaître au premier plan, et c’est de cela qu’il est question en rapport aux représentations de l’agent économique dans la démonstration proposée.

L’article de Laudine Grapperon (« L’empowerment de l’agent économique : un enjeu démocratique et existentiel au cœur du débat sur le revenu de base inconditionnel ») met en œuvre une démarche pluridisciplinaire ou interdisciplinaire (voire éclectique) qui emprunte à divers domaines de l’économie et à la philosophie politique sur un objet de plus en plus présent dans les débats scientifiques des différentes disciplines (économie politique, philosophie politique, science politique). Cet objet commun est récemment devenu central dans le débat public (avec l’intégration de variantes du revenu universel jusque dans certains programmes électoraux). Grapperon aborde le revenu universel dans une perspective économique, pour soutenir ensuite la nécessité de le penser à l’aune de la philosophie politique, en usant d’un néo-républicanisme contemporain – et de la pensée d’Hannah Arendt : ce n’est certes pas alors une coïncidence de retrouver dans cet article, comme dans celui de Pouchol dans ce numéro, la philosophe de la revendication de la personne contre tous les totalitarismes. Les grands principes du revenu de base inconditionnel se fondent selon Grapperon sur une conception de la nature de l’agent humain, dont elle distingue différentes versions et passe l’une d’entre elles au crible de ses critiques, en définissant une typologie (avec des versions : « radicale » ou « émancipatrice », par exemple, allant de Paine à van Parijs) et en interrogeant les aspects déontologiques (l’anti-conséquentialisme, par exemple) afin d’examiner également les auteurs libertariens dits « de gauche », dans la lignée de Henry George, et jusque chez des représentants actuels comme Otsuka. Une dernière version est enfin conséquentialiste (voire utilitariste) et fut adoptée par Milton Friedman et ses héritiers. Toutes ces représentations manifestent par leurs variations des éléments relatifs à des positions épistémologiques et philosophiques concernant les représentations de l’agent économique, tels que l’argumentaire sur le revenu de base inconditionnel permet de les mettre en évidence.

L’article d’Aude Lambert se place d’emblée dans un cadre technique de théorie des jeux (à cadre variable), pour décrypter le raisonnement en équipe et la théorie de l’agent, sous les formes de l’« agence » ou de l’« agentivité », jargon emprunté à l’essor des théories contemporaines sur lequel on peut concevoir quelques réticences10, qu’il est nécessaire en effet, et urgent, argumente l’auteure, de prendre en compte dans la (les) représentation(s) de l’agent économique. L’auteure propose alors d’examiner les hypothèses et les implications de cette instrumentation technique sur la (ou les) représentation(s) de l’agent. Elle concentre l’analyse sur le raisonnement qui conduit l’agent à privilégier l’équipe et qui repose toutefois certes sur la prise de décision que l’agent a lui (ou elle)-même internalisée du fait qu’il (ou elle) « entre dans », ou « fait partie de » cette équipe. Il y a effectivement là ample matière aux jeux que la théorie éponyme modélise. « L’agent » est ce terme qui, pris au singulier, implique de poser la question de l’articulation du « je » et du « nous »11. L’intérêt de l’article de Lambert consiste non seulement à saisir le jeu des relations entre ces agents tels qu’ils se conçoivent, mais aussi tels qu’ils se prennent en considération les uns les autres au travers de leurs représentations subjectives de ces questions. Elle utilise pour ce faire les outils techniques des économistes. Bref, l’auteure interroge les représentations mettant en jeu la question de l’identité de l’agent économique – auquel la Revue de philosophie économique avait consacré un numéro thématique il y a quelques années de cela12 : il est toujours bon de reprendre cette question, comme c’est le cas ici.

L’article de Marlyse Pouchol s’ancre dans l’analyse des philosophies de la liberté (dont une facette est sans conteste celle de sa vie économique) que sont celles de l’homo oeconomicus chez John Stuart Mill et celle de l’animal laborans, chez Hannah Arendt, mises en contraste, voire en opposition, à l’utilitarisme benthamien. Pouchol discute pied à pied la pertinence des attributs de l’agent économique (son aptitude au calcul de ses intérêts, les bornes de son raisonnement logique) et souligne la distinction entre son caractère « rationnel » tel que le représente la science économique et son naturel raisonnable, tel que peut non seulement le faire attendre, mais bien souhaiter, le projet d’une vie harmonieuse en société. Le constat est amer : la législation borne la liberté de l’être économique, qui a des aspirations plus hautes. Ce constat oriente la discussion vers une préoccupation pour l’avenir. Or celle-ci n’est pas d’emblée présente dans une vision dégradée de l’être humain (par ses observateurs, voire ses manipulateurs, mais tout autant paradoxalement à ses propres yeux) en tant qu’animal laborans (archétype de l’être « dont toutes les occupations se pensent sur le modèle d’une activité nécessaire à sa satisfaction personnelle », écrit Pouchol). Or ce souci du devenir (et d’un devenir commun) doit être pris en compte, réitère l’auteure, au risque que l’agent économique ne soit qu’un être esseulé, et en cela au risque même de sa vie (et de la vie économique) de tous.

Chacune des contributions rassemblées dans ce numéro témoigne de la diversité et de l’intérêt grandissant pour la philosophie économique que le succès rencontré par les Colloques internationaux Philosophie économique illustre à merveille, intérêt qui conduit évidemment à s’interroger sur son développement futur13 lors même que les sphères linguistiques manifestent leur vitalité propre (comme multinationale, dans le cas de ces colloques au succès marqué, diffusés par la Revue de philosophie économique). Il nous semble que des traditions diverses contribuent à enrichir les différents domaines qu’on peut distinguer dans le sous-champ théorique que constitue la philosophie économique. À cet égard, rappelons d’ailleurs que les classifications sont et doivent impérativement rester des outils : les catégories ne doivent pas devenir des carcans pour la pensée et il est nécessaire de les réinterroger régulièrement à l’aune des pratiques – en décrivant certaines de leurs évolutions (Grill 2015) et en proposant des partitions distinctes, qu’il est possible d’utiliser comme autant d’outils en fonction de l’évolution des circonstances, ainsi de celles fournies dans (Leroux et Marciano 1999)14 et (Campagnolo et Gharbi 2017).

Ces dernières questions débordent toutefois le présent volume. Les textes présentés au lecteur sont ici autant de contributions à des questions qui sont liées à ce débat ; elles le présentent sous l’angle de la réflexion actuelle sur l’« agent et ses représentations », et il traverse la série des Colloques internationaux Philosophie économique.

Ces réflexions illustrent alors la formule suivante, en rappelant la définition du domaine de la philosophie économique : « la philosophie économique consiste […] en l’examen réflexif et minutieux visant une compréhension plus profonde de ce qui a trait à l’économique. La philosophie économique est moins un certain discours tenu sur l’économie que l’examen réflexif de l’économie et de ce que fait l’économiste, comme de ce qu’il en fait » (Campagnolo et Gharbi 2017, 27).

Bibliographie

  • Binder, C., Heilman C. et Vromen J. (eds.). 2017. The Future of the Philosophy of Economics. Oxford and New York : Routledge.
  • Campagnolo, G. et Gharbi J.-S. (dir.). 2017. Philosophie économique. Un état des lieux. Paris : Éditions Matériologiques. Consulter sur Cairn.info
  • Davis, J. B. 2011. Individuals and Identity in Economics. Cambridge : Cambridge University Press.
  • Elias, N. 1987. Die Gesellschaft der Individuen. Frankfurt/Main : Suhrkamp Verlag. Trad. fr. La société des individus, par J. Etoré. 1991. Paris : Fayard.
  • Grill, Ph. 2015. Enquête sur les libertés et l’égalité : une approche philosophico-économique (t. 1 : Origines et fondements, vol. 1 : Économie, méthodologie et philosophie politique). Paris : Éditions Matériologiques.
  • Hausman, D. 2011. Preference, Value, Choice and Welfare. Cambridge : Cambridge University Press.
  • Leroux, A. et Marciano A. (dir.). 1999. Traité de philosophie économique. Paris : De Boeck.
  • Leroux, A. et Livet P. (dir.). 2005-2007. Leçons de philosophie économique tome I : Économie politique et philosophie sociale (2005) ; tome II : Économie normative et philosophie morale (2006) ; tome III : Science économique et philosophie des sciences (2007). Paris : Economica.
  • Sen, A. K. 1977. “Rational Fools : A Critique of the Behavioral Foundations of Economic Theory”. Philosophy and Public Affairs 6 (4) : 317-44. Trad. fr. S. Marnat in Sen 1995.
  • Sen, A. K. 1982. “Right and Agency”. Philosophy and Public Affairs 11 (1) : 3-39.
  • Sen, A. K. 1995. Éthique et économie, Paris : PUF.

Notes

  1. Texte original : « The purely economic man is indeed close to being a social moron. Economic theory has been much preoccupied with this rational fool decked in the glory of his one all-purpose preference ordering. To make room for the different concepts related to his behavior we need a more elaborate structure » (Sen 1977, 336). ↩︎
  2. Après une première conférence à Lille en juin 2012 et une deuxième à Strasbourg en octobre 2014, qui a fait l’objet du numéro thématique 18/1 de la Revue de philosophie économique consacré à « la question de l’Autre en économie ». ↩︎
  3. Le colloque bénéficia du soutien du Réseau Philosophie-Économie, de l’Association Charles Gide pour l’histoire de la pensée économique, de l’International Network for Economic Methodology (INEM), et reçut les contributions de la Région, de la Métropole et de la ville d’Aix, contribuant à la réussite de l’événement. ↩︎
  4. Voir la rubrique « Voies de la philosophie économique » dans le numéro de décembre 2017 de la Revue de philosophie économique. ↩︎
  5. Le comité d’organisation a reçu 194 propositions de communications dont 144 ont finalement été acceptées après évaluation par le comité scientifique. ↩︎
  6. L’expression, quoique peu élégante, est souvent utilisée pour traduire « agency » afin d’éviter toute ambiguïté avec la théorie économique dite « de l’agence ». La question de la traduction de termes anglais d’un usage spécifique en économie suppose souvent, de manière assez irréaliste certes, d’avoir à l’esprit un répertoire de cet usage des termes chez les auteurs et dans les courants de pensée où ils sont nés. Un réflexe sain est alors souvent d’utiliser le terme d’origine (la plupart du temps en anglais de nos jours, mais il en fut ainsi de même en allemand et en d’autres langues, selon les époques, les disciplines et leur évolution) : on se réfère implicitement de la sorte aux courants et aux auteurs originels, justement importants à ce titre. Les détailler n’est pas l’objet ici. ↩︎
  7. La littérature sur une telle question est évidemment vaste. On peut notamment mentionner Sen 1982, Davis 2011 et Hausman 2011. ↩︎
  8. Ce paragraphe reprend de façon très ramassée des points développés dans leur introduction par Campagnolo et Gharbi (2017). ↩︎
  9. Pour l’information du lecteur, signalons que le colloque a, outre le présent volume, également donné lieu au vol. 14/1 du printemps 2017 de la revue en ligne Éthique et économie (coordonné par D. Bazin sur le thème des « capacités ») ainsi qu’au n° 24/3 d’automne 2017 du Journal for Economic Methodology (introduction par G. Campagnolo) – en comptant le présent numéro, une quinzaine de textes ont ainsi été publiés au titre explicite du colloque de 2016. ↩︎
  10. Voir note infrapaginale 6 supra. ↩︎
  11. Des approches très différentes peuvent s’y prêter : ainsi en sociologie, citons le texte de Norbert Elias « les transformations de l’équilibre nous-je » (Elias 1987) ou encore, dans un autre genre, à l’articulation que forme l’épistémologie sociale, les travaux de Tuomela, par exemple, sur la we-intentionality. ↩︎
  12. Ce fut l’objet du numéro thématique 2004/1 (numéroté 9) de la Revue de philosophie économique consacré au « Concept d’identité ». ↩︎
  13. Voir notamment Binder, Heilman et Vromen (2017). ↩︎
  14. Cette tripartition a servi son objectif assigné en fournissant – au moment où elle a donné lieu à trois écoles thématiques du CNRS – une lisibilité nouvelle à la philosophie économique en France. Les trois premiers tomes des Leçons de philosophie économique en furent issus (Leroux et Livet 2005-2007). ↩︎